Les républicains ont remporté la majorité au Sénat mardi à l'issue d'une victoire écrasante, et si ce basculement du Sénat ne devrait pas bouleverser la politique étrangère du pays, le Congrès, désormais contrôlé par le parti républicain, devrait faire pression sur la Maison Blanche sur des dossiers tels que l'Iran, les coupes budgétaires de la défense et le terrorisme, selon des experts.
Cette victoire des républicains entraînera une restructuration d'un certain nombre de commissions du Sénat et le sénateur républicain Bob Corker devrait très probablement reprendre les rênes de la Commission des relations étrangères du Sénat. Parallèlement, le candidat républicain à la présidentielle de 2008 John McCain présidera la Commission du Sénat sur les armes et fera pression sur la Maison Blanche sur le dossier du programme nucléaire iranien.
Si Téhéran prétend que son programme est pacifique, Washington a en revanche estimé que le programme avait pour objet de créer des armes nucléaires, et les Républicains ont fustigé le président Barack Obama pour avoir exprimé le souhait d'assouplir les sanctions imposées à l'Iran au cours des négociations.
La priorité du Premier ministre israélien (Benjamin) Netanyahou après l'élection sera probablement de travailler étroitement avec le Congrès républicain pour faire avorter l'accord nucléaire qui est en train d'être élaboré par Washington, Bruxelles, Berlin et Téhéran, a déclaré à Xinhua Wayne White, ancien vice-directeur du Bureau des renseignements sur le Moyen-Orient du département d'Etat des Etats-Unis.
"Majoritaires dans les deux chambres du Congrès, les républicains peuvent désormais empêcher la levée des sanctions américaines nécessaire pour que l'accord entre en vigueur. Ironiquement, les représentants de la ligne dure iranienne s'en réjouiront également, car ils sont opposés à cet accord", a-t-il analysé.
M. McCain, dont les tendances bellicistes en matière de politique étrangère sont connues, a déclaré mercredi dans les médias américains qu'il reverrait la politique concernant le terrorisme au Moyen-Orient avec M. Corker.
Le sénateur a fustigé la "réponse faible" du gouvernement à l'Etat islamique (EI), un groupe extrémiste qui s'est emparé de vastes pans du territoire irakien et syrien et dont la progression a incité les Etats-Unis à lancer une campagne de raids aériens visant à le détruire.
À la suite de la victoire écrasante des républicains aux élections, les pressions sur le gouvernement vont s'intensifier pour qu'il prenne des mesures plus fermes contre l'EI, a indiqué M. White.
"En prenant la direction de la Commission des armes, M. McCain disposera d'une plate-forme qui lui permettra d'exiger des actions plus fermes en matière de politique étrangère et de tenir des audiences au cours desquelles des responsables du gouvernement devront justifier leurs actions", a confié à Xinhua Darrell West, membre du think tank Brookings Institution.
Tout cela sera couvert médiatiquement et augmentera la pression sur M. Obama pour qu'il agisse avec plus de fermeté, et cela devrait influencer la politique des Etats-Unis vis-à-vis de l'EI, de la Russie et d'autres pays dans le monde, a--t-il expliqué.
"Les sénateurs bellicistes ne peuvent pas forcer le gouvernement à faire ce qu'il ne veut pas faire, mais ils peuvent retarder la confirmation des nominations proposées par M. Obama et ajouter des annexes aux projets de loi de crédits. Ainsi, il sera plus difficile pour le gouvernement d'ignorer leurs revendications", a-t-il ajouté.
Le stratège républicain Ford O'Connell a indiqué que le Sénat pourrait retarder ou annuler des coupes budgétaires de la défense déjà prévues. "Cette équipe veut de toute évidence écraser l'EI", a-t-il déclaré, évoquant la position des dirigeants républicains du Sénat à l'égard des terroristes qui ravagent l'Irak.
"Ce que nous allons entendre de M. McCain et dans une certaine mesure de M. Corker, c'est qu'il faut que l'armée fasse le nécessaire pour contenir ou repousser l'EI", a-t-il ajouté.