Pendant la 2e guerre mondiale, au moins 200 000 femmes ont été réduites, de manière organisée, à l'état d'esclaves sexuelles par l'armée japonaise. Elles étaient principalement coréennes et chinoises, mais il y aurait eu aussi au moins deux Françaises.
En 1945, les soldats japonais, sous prétexte de contrôle et d'observation, envahissent d'une manière particulièrement violente le territoire de l'Indochine française, où ils étaient présents depuis 1940, après l'invasion de la péninsule coréenne et d'une partie de la Chine. D'après les dernières recherches de l'historien Hirofumi Hayashi, professeur à l'Université de Kanto Gakuin au Japon, certains de ces soldats eux vont alors arrêter, séquestrer et violer deux sœurs françaises, sept semaines durant.
C'est ce que révèle un acte d'accusation de 1947 rendu par le tribunal militaire permanent de Saigon (aujourd'hui Ho-Chi-Minh Ville) contre un capitaine de l'armée japonaise, qui aurait arrêté les deux sœurs, dont la plus jeune avait 14 ans, avant de violer la plus âgée et de les « réquisitionner » toutes les deux. Le même officier aurait, du 15 mars au 3 mai 1945, « organisé ou toléré les agissements criminels de ses subordonnés, à savoir les viols quotidiens commis pendant plusieurs semaines et à son investigation par les hommes de sa compagnie », peut-on lire sur l'acte d'accusation.
Le 3 mai 1945, le capitaine et son sergent-chef assassinent les deux Françaises d'une balle de revolver. L'officier sera condamné à la peine de mort pour assassinat, viols, complicité de viols et vols qualifiés et exécuté le 12 août 1947. C'est la première fois que des documents officiels rapportent et apportent la preuve que ce genre de sévices ont été commis sur des ressortissantes françaises, comme envers des centaines de milliers de femmes qualifiées à l'époque de «femmes de réconfort», en vérité des esclaves sexuelles.
Depuis, cette page peu glorieuse sur laquelle le Japon refuse d'enquêter, par crainte de devoir reconnaître ses responsabilités et de voir inscrire cette partie de son histoire dans les manuels scolaires, empoisonne les relations avec ses voisins. Il estime que toutes les victimes de guerres ont été indemnisées lors du traité nippo-sud-coréen de 1965, ce qui n'empêche pas, chaque mercredi depuis plus de vingt ans, le Conseil coréen, les survivantes et leurs soutiens de manifester devant l'ambassade du Japon à Séoul.