Le terrible attentat commis dans les locaux de Charlie Hebdo à Paris a coûté la vie à douze personnes, dont toutes les stars du journal, réunis ce mercredi pour la conférence de presse hebdomadaire, le journaliste et dessinateur Charb, directeur de la publication, ainsi que les dessinateurs Cabu, Wolinski et Tignous.
Tragique ironie du sort, Charb, auteur il y a quelques années déjà de dessins fustigeant les extrémistes religieux, qui lui avaient valu de nombreuses menaces de mort, avait publié cette semaine en couverture du journal un nouveau dessin satirique les raillant à nouveau et soulignant qu'aucun attentat n'avait encore été commis cette année. Sans doute n'imaginait-il pas, lui qui ne disait rien craindre, et qui a perdu la vie de même que le policier affecté à sa protection, combien son dessin serait prémonitoire.
En février 2006, Charlie Hebdo, comme plusieurs journaux européens, avait repris 12 caricatures de Mahomet publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten, au nom de la liberté de la presse. Ces dessins avaient suscité des manifestations violentes dans le monde musulman et le journal a depuis fait l'objet de menaces récurrentes de groupes islamistes. De son côté, en novembre 2011, et malgré les menaces, Charlie Hebdo avait persisté dans son impertinence en publiant un numéro spécial rebaptisé « Charia hebdo » avec, en une, la caricature d'un prophète Mahomet hilare. Cette édition connut un succès considérable, avec 400 000 exemplaires vendus. Le jour de la publication, les locaux de Charlie Hebdo furent détruits par un incendie criminel.
Le directeur de l'hebdomadaire et dessinateur, Charb, menacé de mort, avait alors été mis sous protection policière, qui s'était poursuivie jusqu'à aujourd'hui. Interrogé par le journal Le Monde en 2012 sur les menaces dont il était la cible, le caricaturiste avait déclaré qu'il ne craignait pas d'éventuelles représailles, concluant « je préfère mourir debout que vivre à genoux ».