Des milliers de Russes, mais aussi certains politiciens étrangers, ainsi que le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch, ont défilé mardi devant le cercueil de Boris Nemtsov pour rendre un dernier hommage à l'opposant assassiné vendredi soir à deux pas du Kremlin à Moscou. La plupart des personnes qui étaient venues étaient cependant des opposants à Vladimir Poutine, très minoritaires dans le pays tant la popularité du président russe reste élevée
Dans la salle où se trouvait également l'ancien Premier ministre britannique John Major, des photos de l'opposant, qui était âgé de 55 ans, étaient accrochées aux murs. A cette occasion, Lev Ponomariov, un militant des droits de l'homme en vue, a dénoncé la campagne menée par les médias officiels contre les opposants du Kremlin, régulièrement qualifiés de « traîtres ». N’accusant pas directement Vladimir Poutine, qui a nié toute implication dans ce meurtre manifestement soigneusement préparé, il a en revanche dénoncé la télévision d'Etat qui, selon lui, « a créé l'atmosphère qui a mené à ce drame ».
L'assassinat de Boris Nemtsov dans un des secteurs les plus sécurisés de la capitale russe, pratiquement sous les fenêtres du Kremlin, a mis Vladimir Poutine, malgré ses dénégations, dans une situation délicate, car Boris Nemtsov n’est pas le premier opposant à être assassiné en Russie depuis l’arrivée au pouvoir du président russe. Actuellement, les enquêteurs étudieraient les images des caméras de vidéosurveillance et mèneraient des tests balistiques et médicaux pour tenter de remonter jusqu'aux auteurs de l'attaque, et ont promis une récompense de trois millions de Roubles (environ 43.000 euros) pour toute information utile.
En attendant, la compagne de Boris Nemtsov, le mannequin ukrainien Anna Douritskaïa, qui se trouvait à ses côtés quand il a été abattu de quatre balles dans le dos, a été autorisée à rentrer en Ukraine, après avoir auparavant affirmé qu'on ne l'autorisait pas à sortir de Russie. « Anna Douritskaïa vient juste de partir pour Kiev. Des diplomates ukrainiens à Moscou ont fourni toute l'assistance nécessaire pour qu'elle puisse rentrer chez elle », a d’ailleurs affirmé lundi soir un porte-parole du ministère ukrainien des affaires étrangères.