Les résultats définitifs du premier tour des élections locales françaises ont confirmé lundi un mouvement vers la droite, incitant le premier ministre socialiste Manuel Valls à demander aux partis de gauche de s'unir avant le second tour. Avec une abstention à 49,8%, plus faible que prévue, la droite a viré en tête devant une gauche divisée et un FN en forte progression : l'UMP et le centre totalisent ainsi 29,40%, devant le FN à 25,19% puis le PS à 21,85% (28,66% avec les divers gauche), 6,09% pour le Front de gauche, 2,03% pour les écologistes d'EELV, qui subissent une cuisante défaite.
S'exprimant sur la radio française RTL lundi matin, M. Valls a annoncé que son parti a été éliminé d'environ un quart des circonscriptions au premier tour et a appelé les partis de gauche et verts à l'aider à limiter les pertes au second tour, dimanche prochain. « La gauche a été trop dispersée et trop divisée au premier tour », a déclaré M. Valls. Les résultats ont mis en évidence l'effondrement du soutien au Parti Socialiste depuis que François Hollande a remporté les élections présidentielles de 2012 et que sa formation a remporté une majorité écrasante aux élections législatives qui avaient suivi, mais si la défaite est nette, elle n'est pas aussi nette que les sondages d'avant scrutin le laissaient entendre.
Les bons résultats de l'UMP de M. Sarkozy au premier tour sont une bonne nouvelle pour un parti qui a souffert de profondes divisions depuis qu'il a perdu le pouvoir en 2012. Quant au Front national, il s'est nourri des divisions des principaux partis et des mauvais résultats économiques du gouvernement socialiste pour renforcer son poids électoral. Marine Le Pen, la dirigeante du FN, a déjà réussi à transformer cette popularité en succès électoral en prenant le contrôle de 11 communes aux élections municipales de l'an dernier et remporter un net succès aux élections européennes en mai.
Les prochains jours seront probablement dominés par des manœuvres politiques et des marchandages au niveau local au moment où les partis se positionnent pour le second tour. M. Valls a déjà lancé un appel national aux électeurs socialistes pour qu'ils fassent barrage aux candidats du Front national au second tour, même si cela signifie voter pour des adversaires historiques comme l'UMP. Certains hauts dirigeants de l'UMP souhaiteraient que le parti adopte la même stratégie –ce qu'on appelle le front républicain- mais M. Sarkozy déjà appelé ses partisans à ne voter ni pour les socialistes, ni pour le Front national au second tour. « Je regrette la position de M. Sarkozy et de l'UMP. C'est une erreur morale et une politique », a déclaré M. Valls lundi.