La décision de la Russie de lever l'interdiction qu'elle s'était auto-imposée sur la fourniture d'un système de défense aérienne de pointe à l'Iran fait du bruit à Washington, où les responsables craignent que cette décision ne conduise à une série de complications, dont certaines pourraient déstabiliser davantage encore le Moyen-Orient. Lundi également, le sous-ministre russe des Affaires étrangères Sergei Ryabkov a déclaré que Moscou livrerait des céréales, des équipements et des matériaux de construction à l'Iran en vertu d'un un accord d'échange « très important » en cours.
« Nous pensons qu'étant donné les actions de déstabilisation de l'Iran dans la région, dans des endroits comme le Yémen ou la Syrie ou le Liban, que ce n'est pas le moment de leur vendre ces types de systèmes », a déclaré la porte-parole du département d'Etat Marie Harf, qui a ajouté que la livraison de missiles S-300 à l'Iran ne violerait pas les sanctions existantes du Conseil de sécurité des Nations Unies, mais que les États-Unis estiment que le moment est mal choisi.
Plus tôt lundi, le site du Kremlin a déclaré que Vladimir Poutine avait signé un décret annulant une interdiction de fournir le système de missiles S-300 à l'Iran. L'annonce est intervenue alors que les puissances mondiales essaient de négocier un accord final sur le nucléaire avec l'Iran, visant à restreindre le programme nucléaire de Téhéran pour s'assurer qu'il ne développe pas d'armes nucléaires.
Moscou avait signé un contrat de 800 millions de Dollars US entre 2007 pour la fourniture de cinq batteries de S-300 à Téhéran. Cependant, la Russie a gelé le contrat de trois ans plus tard, après que le Conseil de sécurité des Nations Unies ait imposé des sanctions sur l'Iran. Le système de missiles sol-air S-300 n'est pas le plus avancé que propose la Russie, mais il est capable de frapper simultanément plusieurs cibles, comme des missiles et des avions entrants, même à haute altitude. Il dispose d'une portée de 300 km, suffisamment longue pour que certains analystes suggèrent qu'il pourrait être utilisé plus qu'à des fins défensives.