La police égyptienne a annoncé dimanche que les autorités du pays ont pendu six hommes reconnus coupables d'avoir tué des soldats, ignorant les appels en faveur de leur grâce dans un contexte d'allégations selon lesquelles deux d'entre eux étaient en détention au moment de leurs crimes présumés. Un tribunal militaire avait confirmé les condamnations à mort en mars dernier, à la suite d'un procès au cours duquel les six hommes ont été reconnus coupables d'attaques dans les mois qui ont suivi le renversement du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée en juillet 2013. Les procureurs ont déclaré que les coupables étaient membres du groupe djihadiste Ansar al-Maqdis Beit, basé dans la Péninsule du Sinaï, qui a fait allégeance l'année dernière à l'organisation de l'Etat Islamique. La sentence a été exécutée par pendaison dans une prison du Caire.
Certains de ces hommes avaient été arrêtés après l'assaut lancé par la police et l'armée contre leur maison fortifiée au nord du Caire en mars 2014. Deux militaires experts en explosifs et six militants avaient été tués dans la fusillade qui avait suivi, s'ajoutant à la liste des accusations portées contre les six hommes. Mais les groupes de défense des droits de l'homme ont lancé un appel pour un sursis à l'exécution, disant deux des accusés étaient en garde à vue à l'époque. Amnesty International a déclaré que les hommes ont subi un procès « manifestement injuste » et que le seul témoin lors des audiences était un officier de la police secrète. Leur exécution intervient un jour après qu'un tribunal ait condamné Mohammed Morsi et plus de 100 autres personnes à mort pour leur rôle présumé dans les évasions massives de prison et les attaques contre la police pendant le soulèvement de 2011 contre l'ancien homme fort de l'Egypte Hosni Moubarak.
Des centaines d'islamistes ont été condamnés à mort lors de procès de masse depuis le renversement de Morsi, mais seulement sept d'entre eux, dont les six de samedi, ont été exécutés. Un autre islamiste, accusé d'implication dans l'assassinat de manifestants anti-Morsi après son éviction, a été pendu en mars. Les six hommes exécutés dimanche avaient été accusés d'avoir participé à deux attaques contre l'armée au début de 2014, dans lesquelles six soldats furent tués à un barrage au Caire et trois autres dans un bus.
Les attaques ont été revendiquées par Ansar al-Maqdis Beit, qui a tué des dizaines de soldats et de policiers dans la péninsule du Sinaï. Le raid de mars 2014 contre la maison fortifiée du groupe a mis fin à leur présence dans la vallée du Nil, après une série d'attaques. Le groupe avait également assassiné un officier supérieur de la police secrète, essayé de tuer le ministre de l'intérieur à l'aide d'une voiture piégée, et fait exploser deux bombes au siège de la police, tuant au moins 20 policiers. Ansar al-Maqdis Beit a ensuite fait allégeance au groupe État Islamique en novembre 2014. Il a continué à mener des attaques dans le Sinaï, tuant plus récemment quatre soldats et trois civils le 13 mai dans des attaques à la bombe.