Un kamikaze a tué au moins 21 personnes au cours de la traditionnelle prière du vendredi midi dans une mosquée chiite dans l'Est de l'Arabie saoudite, dans ce qui pourrait être l'un des premiers signes potentiels que l'intervention de ce pays dans le conflit au Yémen conduit à l'escalade des tensions en Arabie même. Les membres de la minorité chiite, qui représentent environ 15% de la population et vivent essentiellement dans la province orientale riche en pétrole, se sont longtemps plaints de la discrimination dont ils s'estiment victimes de la part de la majorité sunnite d'Arabie saoudite et de la hiérarchie religieuse.
Depuis les deux mois de campagne aérienne de l'Arabie saoudite contre le mouvement Houthi au Yémen, qui pratique une forme de l'islam chiite et reçoit le soutien du rival régional de l'Arabie saoudite, l'Iran, les imams des mosquées sunnites de tout le pays ont rallié le public autour de la guerre, en partie en dénonçant à plusieurs reprises les chiites comme des infidèles dangereux. Les médias saoudiens ont de leur côté dépeint les Houthis comme des intermédiaires de l'Iran chiite et qualifié la campagne au Yémen de défense essentielle contre une incursion iranienne.
Dans le même temps, la participation de l'Arabie saoudite à la campagne militaire menée par les Américains en Irak et en Syrie contre les extrémistes sunnites de l'Etat Islamique a soulevé les craintes d'un retour de bâton de la part de ses sympathisants sur le territoire du pays même. Des milliers de Saoudiens sont partis rejoindre l'Etat Islamique, qui suit une école puritaine de l'islam dont les chercheurs disent qu'elle est similaire à celle de l'Arabie Saoudite, ce que les dirigeants et les religieux de ce pays contestent.
Une annonce sur Twitter publiée vendredi et censée provenir d'une branche yéménite de l'Etat Islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque, mais elle ne donne pas de détails et sa crédibilité est difficile à évaluer. Outre trois attaques distinctes près de la capitale, Riyad, qui ont tué un total de trois policiers et blessé deux autres, le dernier épisode majeur de violence sectaire à l'intérieur du royaume est intervenu il y a six mois, quand un homme armé a tué huit personnes dans le village chiite de Dalwa, dans la Province Orientale d'Al Ahsa, à la fin de la fête chiite de l'Achoura.