Le principal parti d'opposition de Pologne a célébré sa première victoire électorale nationale depuis dix ans, après la victoire inattendue de son candidat à la présidentielle sur le président sortant Bronislaw Komorowski, dans un résultat qui a déconcerté les marchés financiers. Andrzej Duda a remporté le vote de dimanche par 52% contre 48%, selon un sondage de sortie des urnes. Son parti Droit et Justice est proche de l'église catholique, socialement conservateur et considéré comme moins pro-affaires et moins pro-Union européenne que la Plate-forme civique jusque-là au pouvoir.
En réaction, les actifs polonais ont chuté en bourse. Les cours des actions des plus grandes banques de Pologne -PKO, Pekao et BZ WBK- ont connu une baisse allant jusqu'à 4,0% lundi et les rendements des obligations d'État ont elles augmenté -reflétant en partie les plans évoqués par M. Duda, qui consistent à convertir les prêts hypothécaires libellés en Francs suisses en Zlotys à des taux de change historiques. En Pologne, le président nomme le directeur de la banque centrale, il est aussi chef des forces armées et a son mot à dire dans la politique étrangère et le vote des lois.
Il y aura aussi des élections parlementaires à la fin d'octobre, et la défaite de M. Komorowski, allié du Premier ministre Ewa Kopacz et ancien député de la Plate-forme civique, va peser sur les chances de victoire de son parti. Les derniers sondages donnent à l'alliance menée par le parti Droit et justice une avance marginale par rapport à la Plateforme civique. Le vote de dimanche traduit aussi un désir de nouveaux visages chez les électeurs, et le sentiment que les fruits de la reprise économique de la Pologne n'ont pas été partagés de façon égale.
Les résultats officiels de l'élection doivent encore être publiés, mais M. Komorowski a reconnu sa défaite dimanche soir. M. Duda, qui prêtera serment le 6 août, doit encore préciser ses ambitions, même si les chances de le voir essayer de forcer des changements législatifs au cours de la législature actuelle semblent minces. Pendant ses huit années au pouvoir, la Plateforme civique a dominé le paysage politique de la Pologne et présidé une croissance économique rapide et une hausse des salaires dans la plus grande économie de l'Europe de l'Est. Mais de nombreux Polonais, qui disent avoir vu le « miracle économique » tant vanté se contenter de passer devant eux, ont été plus enclins dimanche à voter pour le changement.