Avec le réchauffement des relations diplomatiques entre La Havane et Washington, illustrée par l'annonce de la réouverture des ambassades le 20 juillet prochain, les Cubains réclament désormais avec insistance la levée de l'embargo frappant leur île depuis plus d'un demi-siècle.
Cet embargo a fait perdre plus de 1.100 milliards de dollars à l'économie locale depuis son imposition en 1962 par le président John F. Kennedy, selon le ministère cubain des Affaires étrangères.
Le bloqueo, comme il est appelé à Cuba, "nous a affectés à tous les niveaux: transports, nourriture, pièces détachées. La façon dont les Etats-Unis nous traitent est criminelle", dénonce Humberto Montalvo, un technicien audio d'une cinquantaine d'années.
Ce quinquagénaire pense que l'île bénéficiera grandement d'une levée de l'embargo par le Congrès américain, car "elle aura pour conséquence d'ouvrir une nouvelle porte pour le commerce, d'avoir plus de touristes à Cuba et d'améliorer la situation économique".
Comme M. Montalvo, nombre de Cubains attendent aussi cette amélioration en vue de faire des affaires avec des sociétés américaines, ce qui est aujourd'hui interdit par la législation des Etats-Unis.
"Comme les deux pays sont très proches géographiquement, le commerce bénéficiera à un grand nombre de Cubains car les biens seront faciles à transporter", analyse Lazaro Garcia, faisant référence aux 150km séparant les deux pays.
Rodolfo Soto, étudiant, confie à l'agence Xinhua que l'embargo a frappé tous les Cubains, car "ce qui ne coûte qu'un cent dans n'importe quel pays en coûte beaucoup plus ici et cela a logiquement entravé le développement national".
Désormais, si les touristes américains reçoivent l'autorisation de franchir le détroit de Floride en masse, "ça signifiera un afflux de devises étrangères dans notre pays, ce qui améliora spectaculairement les choses", veut-il croire.
L'île caraïbe pourrait ainsi accueillir entre 3 et 3,5 millions de touristes américains chaque année, pensent les experts, même si Cuba doit encore améliorer son infrastructure hôtelière. Cela figure en tout cas en bonne place à l'ordre du jour du ministère cubain du Tourisme (MINTUR).
Il va ainsi falloir investir pour que la capacité d'accueil atteigne les 85.000 lits en 2020 et 110.000 en 2030, et le tout en se conformant aux standards internationaux, souligne José Daniel Alonso, directeur commercial au MINTUR.
"Les infrastructures ne sont peut-être pas encore tout à fait prêtes, mais (les autorités) y travaillent et je suis sûr qu'elles vont prendre les mesures nécessaires pour qu'on puisse un jour accueillir un très grand nombre de touristes", confie Alicia Gonzalez, une jeune danseuse.
Mais le processus diplomatique n'en est encore qu'à ses balbutiements. La Havane et Washington ont annoncé mercredi le rétablissement des relations diplomatiques rompues par la Maison Blanche en janvier 1961. Cependant, les deux parties sont convenues qu'il ne s'agit là que d'une première étape sur la longue route conduisant à la normalisation des relations. En attendant, l'embargo demeure.