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Un accord sur le nucléaire iranien peut être bloqué par le Congrès américain

( Source: Xinhua )

06.07.2015 16h53

Les négociations pour conclure un accord sur le programme nucléaire iranien pourraient toucher à leur fin, mais on ignore toujours si le Congrès américain pourrait le saper en refusant de lever les sanctions qui ont fortement dégradé l'économie de l'Iran.

Washington et Téhéran se sont engagés ces derniers mois dans les pourparlers sur le programme nucléaire controversé de la République islamique qui, selon des pays occidentaux, cherche à construire des armes nucléaires, mais l'Iran répète que son programme est pacifique.

La Maison Blanche a beau sembler proche d'un éventuel accord avec Téhéran, le Congrès américain à majorité républicaine risque bien d'affronter frontalement Barack Obama sur quelques points cruciaux, selon des experts.

L'un des principaux points de désaccord entre les Etats-Unis et l'Iran est le niveau d'accès que les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) auront au programme nucléaire de Téhéran. Les législateurs républicains veulent que les inspecteurs aient un accès complet et sans restriction à toutes les installations nucléaires de l'Iran, y compris les sites militaires.

Si ces conditions ne sont pas remplies, les Républicains pourraient de facto bloquer l'accord en refusant de lever les sanctions. Si le Congrès américain s'engage sur cette voie, il est très peu probable que l'Iran ouvre ses portes à quelque site nucléaire que ce soit, selon des experts.

"Le Congrès peut saper tout accord avec l'Iran en refusant de lever les sanctions", a déclaré à Xinhua Darrell West, chercheur à la Brookings Institution. "Sans accord, l'Iran dira que les Etats-Unis n'ont pas respecté leur parole et n'ouvrira pas ses centres d'enrichissement d'uranium."

"Les Républicains n'approuveront aucun accord qui ne supprime pas tout l'uranium enrichi et qui ne permettra pas d'inspecter tous les sites nucléaires", a-t-il averti.

Ils voient en l'accord qui se profile une aubaine pour l'Iran, mais aussi un désastre pour les Etats-Unis, accusant l'administration Obama d'affaiblir quotidiennement sa position.

Dans une récente tribune parue sur le quotidien en ligne américain Politico, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a écrit que le gouvernement américain "devrait faire une pause dans les négociations, prendre du recul et réexaminer l'objectif initial de ces discussions".

Des prises de position qui reflètent les inquiétudes des Républicains de voir la position américaine s'affaiblir, avec l'Iran gagnant tout et les Etats-Unis rien en échange.

Côté iranien, les experts pensent que les négociateurs de la République islamique sont eux aussi sous la menace de voir un accord rejeté par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a toujours le dernier mot.

David Pollock, chercheur à l'Institut de Washington pour la politique au Moyen-Orient, a confirmé à Xinhua qu'il y a bien eu par le passé des cas où des négociateurs sont parvenus à un accord, mais, à leur retour à Téhéran, l'ayatollah Khamenei y a opposé son veto.

Pour le régime des mollahs, il est impératif de se débarrasser des sanctions qui ont causé du tort à son économie et fait chuter le cours du rial iranien. Mais il est encore trop tôt pour dire quand et dans quel volume ces sanctions seront levées en cas d'accord.

Les Américains ont laissé entendre que ces sanctions seraient levées progressivement et parallèlement à l'application des dispositions prévues par l'accord. Combien de temps cela prendra-t-il, personne ne le sait.

"Ça peut prendre six mois, un an, voire plus", a évalué M. Pollock. Pour lui, ça dépendra surtout du temps qu'il faudra à l'Iran pour se conformer à l'accord et montrer de façon satisfaisante à l'AIEA et à tous les autres qu'il applique effectivement toutes les dispositions prévues.

Il y a aussi la question de la "prime à la signature". On sait que Téhéran possède beaucoup d'avoirs qui ont été gelés de par le monde. Il est possible, mais pas certain, que tous ces comptes gelés soient débloqués immédiatement après la signature d'un accord, selon certains experts.

Ces négociations ont déjà dépassé une première date butoir le 30 juin dernier, mais les négociateurs font tout pour conclure avant la nouvelle date fixée au 7 juillet.

Au cours du week-end dernier, l'Iran a par ailleurs fait beaucoup d'efforts pour adoucir le climat des négociations en proposant notamment sa coopération dans des dossiers tels que la lutte contre l'Etat islamique (EI). Ce dernier a fait main basse sur de vastes portions de la Syrie et de l'Irak, poussant les Etats-Unis et leurs alliés à mener une campagne de raids aériens intensifs depuis des mois.

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