Dans un rapport remis mercredi au Premier ministre français Manuel Valls, le député socialiste Sébastien Pietrasanta propose 37 mesures pour "déradicaliser" les djihadistes de retour de Syrie ou d'Irak, misant sur la personnalisation du suivi et des alternatives à la prison, rapporte la presse française.
Dans son rapport de 90 pages, le député des Hauts-de-Seine met l'accent sur "l'individualisation de la prise en charge" en privilégiant la prison pour les djihadistes "purs et durs", le placement dans des "centres de déradicalisation", ou encore un suivi "en milieu ouvert" pour les individus les moins dangereux, soulignent les médias français.
"Nous comptons 1 818 Français ou résidents étrangers en France impliqués dans les filières djihadistes en Syrie et en Irak. L'évolution est de +107% sur un an et +227% depuis le début de l'année 2014. La part de convertis est d'environ 20%, 25% pour les femmes, 89 départements français sont concernés par le phénomène", détaille le rapport.
"Pour ceux qui sont devenus djihadistes 'purs et durs, susceptibles de commettre des attentats en France, pour se venger d'une société impie', seuls le traitement judiciaire et la prison peuvent apporter une réponse", souligne M. Pietrasanta, cité par le quotidien 20 Minutes.
En prison, "il faut éviter de mettre des prosélytes avec des détenus influençables", explique le rapporteur, proposant ainsi "de créer de nouveaux quartiers dédiés, pour les détenus radicalisés", écrivait mercredi la radio France Info sur son site internet.
Le rapport note à ce sujet que "dans les quartiers dédiés, qui sont une bonne chose, il faut distinguer les détenus qui sont prosélytes avec ceux qui sont sous influence".
Mais "pour les 'déçus ou les désillusionnés' par les excès de violence de Daesh (nom arabe de l'Etat islamique, ndlr) mais qui n'ont pas participé aux crimes, la prison n'est pas une réponse selon le député", note 20 Minutes.
"Il convient de proposer à ceux-ci un programme de désendoctrinement et de réinsertion", est-il écrit dans le rapport.
"Ces centres offriraient une réponse pluridisciplinaire pour répondre à des parcours de vie où les individus sont 'en rupture avec leur familles, la société, et nécessitent un accompagnement psychologique'", écrivait pour sa part mercredi le journal Le Parisien.
Le parlementaire insiste sur le fait que les personnes radicalisées présentent une multitude de profils et qu'"il ne peut donc y avoir une seule et unique réponse", prônant ainsi un suivi individualisé, souligne France Info.
Autre mesure phare du rapport : le recours à des mentors en milieu ouvert.
"Le rapport préconise la mise en place d'un système de déradicalisation à la danoise, en s'appuyant sur des 'mentors'", révèle 20 Minutes, précisant qu'au "Danemark, les communes de Copenhague et d'Aarhus ont mis en place un système de sorte de coach individuel qui intervient directement et dans la durée auprès de la personne radicalisée".
"Le parlementaire propose que ce système soit piloté 'soit par des collectivités locales, soit par des préfectures via des structures associatives solides'. Mais, de toute évidence, note-t-il, 'le choix de la qualité des mentors puis de leur formation sont primordiaux'", relève le journal.