Il n'y a eu aucune "invasion" de Roms migrants de Bulgarie et de Roumanie depuis la levée des restrictions d'emploi des ressortissants de ces pays dans d'autres Etats membres de l'Union européenne (UE), et il est temps que les responsables politiques et les médias cessent de jouer sur les peurs de flux massifs d'immigrants et de stigmatiser les Roms dans ce contexte, a déclaré jeudi le Conseil de l'Europe.
"Les débats politiques et médiatiques sur les migrations des Roms sont récurrents dans plusieurs pays européens, (...) au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse, en Italie et dans d'autres pays, les médias donnent souvent des chiffres infondés sur l'immigration réelle ou potentielle des Roms", a déploré Nils Muiznieks, Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe.
"Pourtant, dans certains endroits, le nombre des Roms migrants est resté stable au fil des ans, et une étude de 2013 sur les Roms en Roumanie estime qu'ils ne sont pas plus prêts à émigrer que les non Roms", a affirmé le Commissaire.
En Europe, les discours politiques et médiatiques décrivent souvent les Roms migrants comme des profiteurs de la protection sociale et comme des personnes qui refusent toute forme d'intégration dans leur société d'accueil.
"Toutefois, ces perceptions ne sont pas étayées par des faits. Dans une étude de 2013, la Commission européenne a conclu que les personnes qui migrent entre les Etats de l'UE, y compris les Roms, apportent une contribution nette à leur pays d'accueil, en payant davantage d'impôts qu'ils ne reçoivent de prestations", a dit Nils Muiznieks.
Selon les recherches citées par le Conseil de l'Europe, les raisons pour lesquelles les Roms émigrent ne sont pas fondamentalement différentes de celles des non Roms : ils sont en quête d'emploi, de meilleures conditions de vie et d'une meilleure éducation pour leurs enfants. Mais malheureusement, la discrimination et le rejet ne s'arrêtent pas aux frontières de leur pays d'origine. Dans les pays d'immigration, ils sont nombreux à devoir vivre dans des conditions lamentables, en situation de ségrégation et sont confrontés à des expulsions fréquentes et violentes par la police.
"Les responsables politiques de plusieurs pays utilisent une rhétorique agressive et raciste à l'égard des Roms migrants, en faisant des boucs émissaires pour tout un éventail de problèmes. Les médias de ces pays diffusent aussi des stéréotypes qui relèvent parfois du discours de haine", a indiqué le Commissaire. Il a cité des cas de violences collectives contre les Roms, comme le lynchage d'un adolescent rom migrant en France en 2014 ou de violentes agressions contre les camps de Roms en Italie.
"La rhétorique raciste devrait être fermement condamnée au plus haut niveau et un journalisme éthique devrait être promu", a poursuivi le Commissaire, invitant les journalistes à rendre compte des exemples positifs d'intégration des Roms migrants pour donner une image plus équilibrée de la situation.
Depuis l'élargissement oriental de l'UE en 2004 et en 2007 et depuis la levée des restrictions à l'emploi des ressortissants roumains et bulgares dans un certain nombre de pays membres de l'UE en 2014, les peurs concernant les migrations des Roms suscitent en Europe des discours enflammés et mal informés.