Un bombardier soviétique. |
Contrairement à l'occident, les Soviétiques considéraient les armes nucléaires comme le début d'un conflit, et non sa fin. La seconde guerre mondiale a été la guerre la plus destructrice dans l'histoire de l'humanité. Une estimation prudente du nombre de victimes a donné le chiffre effarant de 60 millions de personnes, soit environ 3% de la population mondiale à l'époque. Mais une troisième guerre mondiale aurait sans doute été pire encore.
Bien que les administrations américaines successives se soient engagées à réduire le rôle des armes nucléaires dans leur doctrine militaire, cela s'est avéré impossible avant l'administration Reagan, quand la révolution des armes de précision guidées a offert à Washington un moyen de vaincre l'extraordinaire armée soviétique. Bien que les plans de guerre spécifiques de l'Union Soviétique soient demeurés classés, les historiens ont pu plus ou moins vérifier comment l'armée soviétique aurait combattu à l'aide d'archives publiées par les États membres de l'ancien Pacte de Varsovie, comme la Pologne et de la Tchécoslovaquie. Et cela fait froid dans le dos.
Ils montrent que, alors que Staline était vivant et dans les années 1950, le Pacte de Varsovie a maintenu une doctrine presque exclusivement défensive visant à protéger les États membres contre une invasion occidentale, probablement du fait de la supériorité nucléaire massive des Etats-Unis à l'époque. c'est seulement après la mort de Staline, et plus précisément dans les années 1960, que l'Union Soviétique a conçu de nouveaux plans de guerre. Ils avaient un caractère clairement offensif et envisageaient une attaque de type blitzkrieg permettant au Pacte de Varsovie de conquérir la plupart des pays d'Europe occidentale en quelques jours. Partant du principe qu'en cas de guerre l'OTAN utiliserait l'arme nucléaire, ils avaient prévu le recours massif à ces armes dès le début du conflit, espérant devancer leur utilisation par l'OTAN afin de protéger le territoire soviétique et le Pacte de Varsovie.
Les armes nucléaires auraient été utilisées pour détruire les grandes villes d'Europe occidentale, comme Hambourg, Bonn, Munich et Hanovre en Allemagne de l'ouest, Rotterdam, Utrecht, Amsterdam aux Pays-Bas et Anvers et Bruxelles en Belgique. Pas moins de deux armes nucléaires auraient été utilisées pour détruire Copenhague, et cinq armes nucléaires au total auraient été lâchées sur le Danemark. Un certain nombre de villes italiennes auraient aussi été visées, et cela dès le début du conflit. Au-delà de la destruction des grandes villes et centres de population, l'Union Soviétique prévoyait aussi la libre utilisation d'armes nucléaires tactiques contre des objectifs militaires de l'OTAN.