Dernière mise à jour à 10h09 le 22/08
La France et la Grande Bretagne ont signé jeudi, un accord sur la gestion des migrants de Calais, principale ville française de passage des immigrés clandestins, via l'Eurotunnel pour gagner le Royaume-Uni.
Cet accord qui vise à renforcer la coopération entre les deux pays en matière de sécurité, de lutte contre les passeurs de clandestins prévoit également des dispositions humanitaires concernant l'accueil de migrants.
L'amélioration de la sécurité au niveau du tunnel sous la Manche et du port de Calais est le premier volet de cet accord.
"Un centre de commandement et de contrôle intégré sera établi à Coquelles (commune département Pas-de-Calais) et comprendra des personnels des forces de sécurité intérieur française et britannique, appelées à travailler ensemble au quotidien (...) Il y a actuellement 150 agents de sécurité sur le site, il y en aura désormais 250", a déclaré à presse le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
En plus du renforcement des effectifs, le Royaume-Uni qui a déjà débloqué dix millions d'euros pour construire des barrières de sécurité sur le site, va apporter des moyens "sophistiqués", comme des vidéo-protection et des équipements de détection pour renforcer la sécurité à l'accès au Tunnel.
Le deuxième volet de l'accord entre Paris et Londres consiste à combattre les réseaux de passeurs de migrants clandestins.
"Nous devons mettre fin à ces gangs criminels qui incitent les migrants à quitter l'Afrique ou d'autres pays dans le monde, en les faisant faire un dangereux voyage illégalement pour s'installer en Europe. Briser ce lien est très important pour nous", a dit la secrétaire d'Etat britannique à l'Intérieur, Theresa May.
Ainsi pour poursuivre efficacement le démantèlement des réseaux de passeurs, un commandement unifié (France et Grande Bretagne) a été mis en place.
Selon Bernard Cazeneuve, ce sont 19 filières opérant vers le Royaume-Uni qui ont été démantelées, au cours des sept premiers mois de l'année, contre 14 sur l'ensemble de l'année 2014.
" Au total, pas moins de 514 trafiquants ont ainsi été interpellés depuis le mois de janvier, soit 18% de plus que l'an passé (...) Il faut que les passeurs soient poursuivis et que leur organisation soit démantelée", a-t-il martelé.
Enfin, cet accord prévoit certaines dispositions humanitaires notamment, "améliorer la protection des plus vulnérables, les femmes et les enfants victimes de traite, en les mettant à l'abri dans des logements protégés".
Les deux ministres ont également indiqué que les migrants qui ne peuvent pas demander l'asile et qui souhaitent retourner dans leur pays, bénéficieront du soutien du gouvernement français et britannique à travers un programme d'aide.
Ces dispositions humanitaires seront financées par le gouvernement britannique à hauteur de cinq millions d'euros par an pendant deux ans, a informé M. Cazeneuve.
En début août, des organisations et spécialistes français des migrations avaient invité les autorités françaises et britanniques à privilégier l'aspect humanitaire dans le traitement des migrants de Calais au détriment des mesures sécuritaires qui n'étaient pas, selon eux, une solution à la crise migratoire.
Une position partagée par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les refugiés (HCR) qui a demandé à la France de faire preuve de solidarité envers les migrants de Calais.
"Les mesures de sécurité, bien que nécessaires, ont peu de chance d'être efficaces à elles seules (...) Nous encourageons les autorités françaises à reloger progressivement les personnes s'abritant dans des camps informels et à leur fournir, comme c'est le cas dans la plupart des pays européens, des conditions d'accueil adéquates dans la région Nord-Pas-de-Calais ou ailleurs", a demandé le HCR.
Une dizaine de migrants de Calais ont trouvé la mort depuis le début du mois de juin, lorsqu'ils montaient sur des rames ferroviaires qui empruntent le Tunnel sous la Manche, pour gagner le Royaume-Uni.