Dernière mise à jour à 08h57 le 03/11
Les Américains ont annoncé la semaine dernière qu'ils iraient sur le terrain en Syrie afin de détruire l'Etat Islamique (EI), mais cette initiative pourrait ne pas faire grande différence dans la lutte contre le groupe terroriste qui a pris le contrôle de vastes territoires en Irak et en Syrie, selon des experts américains.
La coalition menée par les Etats-Unis bombarde les cibles de l'EI depuis plus d'un an, mais les critiques estiment que les frappes sont au mieux peu enthousiastes et pas assez nombreuses et fréquentes par rapport aux autres guerres aériennes menées par les Etats-Unis depuis ces 20 dernières années.
Bien que le président américain Barack Obama ait dans le passé promis de ne pas mettre les pieds sur le sol syrien, la Maison Blanche a annoncé vendredi dernier qu'elle allait déployer des troupes terrestres américaines en Syrie pour la première fois, afin d'aider les rebelles à combattre les militants islamiques.
Moins de 50 soldats des forces spéciales américaines seront déployés dans les régions syriennes contrôlées par les Kurdes afin d'aider les combattants kurdes et arabes dans l'organisation et la logistique, a affirmé la Maison Blanche, tout en insistant sur le fait que les troupes américaines n'ont pas de mission de combat en Syrie.
"Considérant la taille de l'Etat Islamique, bien qu'il fera une différence, cet avantage supplémentaire sera en quelque sorte limité en général",a affirmé Wayne White, ancien directeur adjoint du Bureau des Renseignements au Moyen-Orient du Département d'Etat.
Il a noté pourtant que la taille des forces américaines pourrait augmenter. "Nous avions déjà observé ce genre de pente glissante en action, quand l'administration était passée d'une présence terrestre limitée en Irak à plus de 3000 conseillers et formateurs".
Un énorme risque pour les Etats-Unis en se rapprochant du champs de bataille ou en entrant en action, est de voir des soldats américains, en opération, tomber entre les mains de l'EI et brutalisés par l'EI à des fins de revanche.
M. White a expliqué par ailleurs que la raison pour laquelle les frappes américaines et de la coalition n'ont pas eu d'impact sur l'EI n'a rien à voir avec la campagne aérienne.
En fait, si l'EI subissait des pressions bien plus importantes sur le terrain sur son périmètre bien trop élargi de la part des forces locales, les frappes aériennes auraient pu contribuer à un ou deux coups décisifs, selon ses analyses.
Mais les Kurdes irakiens ne font que s'assoir sur leurs précédentes victoires, et l'armée irakienne, malgré l'année qu'elle a eu pour rebondir de ses défaites catastrophiques de juin-juillet 2014 face à l'EI, n'a enregistré que des gains marginaux, a poursuivi M. White.
En Syrie, le YPD kurde, groupe qui se bat durement contre l'EI, manque de munitions parce que la Turquie s'oppose à plus d'aides militaires importantes de la part des Etats-Unis, a-t-il poursuivi.
Mais dans la bataille de Kobani et sur d'autres fronts, où il a repoussé les forces de l'EI jusqu'au manque de munitions, le YPD a montré ce qu'une combinaison de forces terrestres locales déterminées et de frappes aériennes de la coalition pouvait accomplir.
"En d'autres termes, la plupart des forces locales, et surtout l'armée irakienne, ne fait pas le poids face aux combattants féroces de l'Etat Islamique", a conclu M. White.
L'arrivée de quelques dizaines de soldats américains sur le terrain ne devraient donc pas apporter de grands changements à la situation.