Dernière mise à jour à 08h21 le 22/07
Le journal français Libération remet en question, dans son édition de jeudi, le dispositif policier déployé sur la promenade des Anglais à Nice le 14 juillet au moment de l'attentat meurtrier tuant au moins 84 personnes, accusant l'exécutif d'avoir au minimum "travesti la réalité".
"Contrairement à ce qu'a affirmé le ministère de l'Intérieur, l'entrée du périmètre piéton de la promenade des Anglais n'était pas protégée par la police nationale le 14 juillet au soir", explique le quotidien.
Dans un communiqué publié le 16 juillet, la préfecture des Alpes maritimes avait indiqué que "la mission périmétrique était confiée pour les points les plus sensibles à des équipages de la police nationale, renforcés d'équipages de la police municipale" et que "c'était le cas notamment du point d'entrée du camion (du tueur Mohamed Lahouaiej Bouhlel), avec une interdiction d'accès matérialisée par le positionnement de véhicules bloquant l'accès à la chaussée".
Le même jour, le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait décrit un dispositif analogue, indiquant que "la police nationale était présente et très présente sur la promenade des Anglais" et que "des véhicules de police rendaient impossible le franchissement de la promenade des Anglais".
Mardi dernier, c'était au tour du Premier ministre Manuel Valls d'enfoncer le clou en déclarant qu'il le laissera "jamais dire qu'il y a des failles là où il n'y en a pas".
Mais "contrairement à la version avancée au plus haut sommet de l'Etat, le dispositif policier sur la promenade des Anglais ce 14 juillet au soir était en réalité bien plus léger", écrit Libération, ajoutant que "la communication du gouvernement a, au minimum, travesti la réalité".
"De nombreux témoignages recueillis par Libération en attestent, ainsi que des photographies, que nous avons pu consulter, prises quelques minutes avant l'entrée du camion conduit par Mohamed Lahouaiej Bouhlel sur la partie piétonne de la Promenade", poursuit le quotidien.
Sur le cliché que le journal publié en une, "seuls deux agents de la police municipale sont alors placés au milieu de la chaussée", tandis que "les six voies dévolues à la circulation automobile sont coupées par des barrières métalliques et des plots rectangulaires rouge et blanc", souligne le journal, ajoutant que "c'est également la version d'un témoin présent sur les lieux le soir du drame, qui confirme n'avoir vu que des agents de la ville".
Il n'y avait donc au moment de l'attaque au camion, vers 22h30, "nulle trace, dans ce périmètre très précis, d'effectifs de la police nationale", ces derniers ayant "été relevés aux alentours de 20h30 par leurs collègues municipaux", note Libération, précisant qu'"il n'y (avait) donc aucune voiture de police nationale susceptible de barrer la chaussée, comme l'assurait la préfecture".
Enfin, selon une source policière qui a pu visionner les images de la vidéosurveillance, "un seul véhicule de police, celui des agents municipaux, se trouvait au milieu de la chaussée, côté mer", "sans pour autant être en mesure de bloquer le passage", assure Libération.
"Le dispositif constaté est exactement celui qui avait été prévu. Mais pas du tout celui décrit a posteriori par la Place Beauvau et la préfecture. Puisque ces derniers assuraient qu'il y avait une présence de la police nationale à l'entrée de la zone piétonne", conclut le quotidien.
Le 14 juillet vers 22h30 heure locale, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a commencé à foncer sur la foule avec son camion sur deux kilomètres, faisant 84 morts et plus de 200 blessés avant d'être abattu par les forces de l'ordre.