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Retrait américain du TPP : quelles conséquences pour les États-Unis et la Chine ?

le Quotidien du Peuple en ligne | 29.11.2016 16h58

Élu président des États-Unis le 9 novembre, Donald Trump a publié le 21 novembre sur YouTube une vidéo d'une durée de 2 minutes 37 secondes, dans laquelle il a annoncé les mesures qu'il prendra dans les 100 jours qui suivront son entrée en fonctions. Parmi les sujets suscitant le plus de préoccupations figure son intention de faire sortir les États-Unis de l'accord de partenariat trans-Pacifique (TPP).

Dans cette courte vidéo, Donald Trump rappelle le slogan qu'il a toujours mis en avant dans ses discours de campagne, donner la priorité aux intérêts des États-Unis. Il a qualifié le TPP de « menace potentielle pour notre pays », et a déclaré qu'il le remplacerait en « renforçant les négociations d'accords commerciaux équitables pour permettre aux emplois et aux industrie de revenir aux États-Unis ».

A l'origine, l'accord sur le TPP avait été considéré comme faisant partie de la stratégie de rééquilibrage en Asie des États-Unis visant la Chine, mais Donald Trump a décidé de modifier la politique américaine en abandonnant le TPP. Quels effets aura cette décision sur les deux parties ?

Plus de 5 ans de négociations entre 12 pays pour parvenir finalement à cet accord vont-ils être réduits à néant ?

Le TPP (Accord de partenariat trans-Pacifique) implique pour l'essentiel la plupart des pays riverains de l'océan Pacifique, dont les États-Unis d'Amérique, le Canada, le Mexique, le Chili et le Pérou, l'Asie et l'Océanie, le Japon, la Malaisie, le Vietnam, Singapour, Brunei, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Ensemble, ces 12 pays représentent 40% de l'économie de l'économie mondiale, et l'objectif du TPP est de promouvoir la libéralisation du commerce, les réductions tarifaires entre les États membres, afin que les marchandises puissent circuler plus rapidement et à moindre coût entre les pays membres.

Le TPP peut également être considéré comme faisant partie de l'héritage politique de l'administration Obama, et c'est une des stratégies mises en avant sous la présidence Obama. Il a été qualifié par le journal américain Wall Street Journal de pivot de la stratégie de « recentrage sur l'Asie » des États-Unis. Après 5 ans de négociations entre les 12 États membres, l'accord sur le TPP a été conclu en octobre 2015, et le texte de l'accord a été formellement signé en février de cette année. Il devrait entrer en vigueur après avoir obtenu l'approbation des législateurs des différents pays concernés.

La politique de Donald Trump envers le PPT est exactement à l'opposé de celle de l'administration Obama. Selon les médias étrangers, lors du Sommet 2016 de l'APEC, Barack Obama a rencontré en particulier les dirigeants des 11 pays qui ont signé le TPP, rappelant l'engagement des États-Unis à continuer à soutenir fortement le commerce, et à renforcer les relations de développement avec la région Asie-Pacifique, de continuer à promouvoir les possibilités de renforcement.

Cependant, Donald Trump a critiqué à plusieurs reprises l'Accord de partenariat trans-Pacifique, et on est en droit de penser que cela constitue une mauvaise affaire pour les États-Unis. En tant que prochain président élu des États-Unis, Donald Trump a déclaré qu'il retirera immédiatement les Etats-Unis du TPP dès son entrée en fonctions.

Selon CNN, les partenaires stratégiques clés des États-Unis sont très déçus de la décision de Donald Trump. Le premier à s'être exprimé a été un fervent partisan du TPP, le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Il a fait beaucoup d'efforts pour surmonter l'opposition au TPP au Japon. Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull avait quant à lui déclaré que le TPP était un « engagement stratégique important » et a dit que, du point de vue australien, beaucoup espéraient voir le TPP se concrétiser.

Aux yeux de certains, la décision de Donald Trump de modifier la politique américaine en abandonnant le TPP, n'aura pas seulement un impact économique, mais aussi un impact politique et stratégique ; dans l'esprit de certains pays importants de la région, la place des États-Unis en tant que partenaire économique et stratégique pourrait en pâtir. Dans le même temps, Donald Trump a également promis d'imposer des taxes sur les exportations chinoises, ignorant totalement quels pourraient être les dégâts causés aux alliés des États-Unis par ce genre de conflit commercial.

Quelles conséquences aura la décision de Donald Trump pour les Etats-Unis et la Chine ?

On a vu que le TPP a été considéré comme faisant partie de la stratégie de rééquilibrage des États-Unis en Asie et visant la Chine. Quel genre d'impact aura cette annonce du retrait américain sur la Chine et les États-Unis ?

L'annonce du retrait et d'ajustements de politique des États-Unis au sujet du TPP a fortement déçu les alliés de ceux-ci, portant effectivement atteinte à la réputation politique des États-Unis, et brisant l'équilibre psychologique entre les États membres. Selon Yuan Zheng, chercheur et directeur de l'Institut d'études sur la politique étrangère américaine à l'Académie chinoise des sciences sociales, le plus important a été le Japon : en visite en Argentine, Shinzo Abe a immédiatement répondu lors d'une conférence de presse que « Sans les États-Unis, le TPP n'a pas de sens ». Il a également dit qu'il était impossible de renégocier l'accord, ce « qui bouleverserait l'équilibre des intérêts fondamentaux ». Selon un universitaire de l'Université de Kyushu, le TPP porte aussi en lui les intérêts politiques internationaux du Japon, et pour le Japon, le PPT est non seulement un problème d'intégration économique régionale, mais aussi un important outil dans sa recherche d'une voix et d'une influence internationales plus importantes et pour contrebalancer la Chine ; c'est un « élément clé » pour la participation du Japon au développement d'un autre ensemble de normes internationales.

De son côté, le Premier ministre de Nouvelle-Zélande John Key a déclaré que l'« accord sur le TPP est une incarnation du leadership américain en Asie-Pacifique, et nous souhaitons que les États-Unis restent dans la région. Si les États-Unis y sont absents, cette place devra être prise, et ce sera la Chine qui l'occupera entièrement ».

Gary Hufbauer, économiste et experts en commerce à l'Institut Peterson d'économie internationale a quant à lui déclaré sans ambages que le retrait américain du TPP serait une grande perte pour les États-Unis, et la Chine a essayé de son côté de conclure différents accords commerciaux séparés avec une partie des pays membres du TPP, afin d'étendre son influence. Il a également déclaré que le retrait américain du TPP signifie également que la croissance économique de la plus grande économie du monde va perdre un demi-point de pourcentage, et que des petites économies comme le Vietnam et la Malaisie subiront un coup plus sévère encore.

Selon Miles Kahler, chercheur au Centre international de recherche stratégique, un groupe de réflexion, si le gouvernement Trump fait passer les questions nationales devant le commerce, cela donnera alors l'occasion à la Chine et à d'autres pays de dominer le commerce. Le retrait américain du TPP pourrait également renforcer l'influence de la « Zone de libre-échange en Asie-Pacifique » (FTAAP) et d'autres accords, et la Chine a d'ailleurs toujours été un fervent partisan de la Zone de libre-échange en Asie-Pacifique.

Dan Coats, sénateur républicain américain, a un point de vue différent. A son avis, avec ou sans TPP, il est de toute façon probable que certains pays du Pacifique entretiendront tout de même des relations étroites et une coopération avec les États-Unis.

« Pour la Chine, le retrait des États-Unis du TPP n'est pas entièrement une bonne chose, l'avenir va faire face à de nombreux défis ». Wang Wen, directeur exécutif de l'Institut des Finances de l'Université Renmin de Chine ne pense pas que le départ des États-Unis sera entièrement bénéfique pour la Chine. Il estime que le retrait américain du TPP aura deux répercussions importantes, la première est que cela va changer les tendances mondiales dans le commerce international, et que les deux doctrines majeures en présence, celle des États-Unis axée sur le commerce régional, et celle de la Chine, orientée sur les zones de libre-échange, pourraient connaître des changements. Les attentes de la doctrine devraient changer. Dans l'avenir, dans le domaine du commerce mondial, Donald Trump pourrait aussi lancer de nouvelles politiques, rendant le commerce mondial plus incertain. La seconde est que le développement de la Chine est à une période critique de possibilités et de défis, et le fait de savoir si la Chine pourra ou non relever les défis liés à la situation internationale dans le cadre de la nouvelle ère du TPP présente de nombreux défis, les demandes des pays d'origine du TPP pour la Chine continuant à augmenter. En plus de renforcer le droit de parole de la Chine dans le domaine du commerce, cela va aussi renforcer ses responsabilités et ses charges dans le système commercial mondial.

Zhang Tengjun chercheur-assistant à l'Institut américain de l'Institut des études internationales de Chine, estime également que le retrait américain du TPP aura pour effet de réduire dans une certaine manière la pression sur la Chine, mais il ne fait guère de doute qu'après que Donald Trump aura annoncé son retrait du TPP, il introduira également des mesures destinées à maintenir les intérêts des États-Unis dans la région Asie-Pacifique, mais aussi au niveau international.

Pour la Chine, les accords de libre-échange en Asie-Pacifique ne devraient pas être politisés ; le Président américain élu a déclaré qu'il sortirait du TPP, et en ce cas, l'influence américaine en Asie sera affaiblie. La Chine peut-elle en tirer profit ?

À cet égard, le Ministère chinois des affaires étrangères a répondu le 23 novembre au sujet du TPP que la Chine fait preuve par principe d'une attitude ouverte en ce qui concerne la promotion de l'intégration économique en Asie-Pacifique, la promotion du commerce régional ainsi que la libéralisation et la facilitation des investissements, et la contribution au développement et à la prospérité commune des accords commerciaux en Asie-Pacifique. Lors de la réunion de l'APEC qui vient de se terminer, le fait que les parties aient discuté d'accords de libre-échange dans la région Asie-Pacifique, et aient décidé de continuer à promouvoir le processus de Zone de libre-échange en Asie-Pacifique est un signal très positif.

« Les affaires de la région Asie-Pacifique devraient être discutées par les pays de l'Asie-Pacifique, plutôt qu'un seul pays ait le dernier mot. De même, la détermination des règles économiques et commerciales en Asie-Pacifique devrait être assurée par les parties concernées sur le principe d'une égalité de consultation. Les accords de libre-échange en Asie-Pacifique ne devraient pas être politisés, il est à espérer que les parties n'examineront et n'interpréteront pas les accords de libre-échange à partir d'un point de vue seulement géopolitique. Leurs relations ne devraient pas être un ''jeu à somme nulle'' entre eux ni être mutuellement exclusives, et devraient plutôt se promouvoir mutuellement ».

Le Ministère a enfin déclaré que la Chine est prête à travailler, en tenant pleinement compte des différences de développement économique régional et de la diversité en Asie-Pacifique sur la base de principes d'adhésion à l'ouverture et la tolérance, à l'avantage mutuel et gagnant-gagnant, à continuer à promouvoir le processus d'intégration économique en Asie-Pacifique, afin que les peuples des pays d'Asie-Pacifique en bénéficient. Dans ce processus, la Chine jouera son rôle et apportera sa propre contribution.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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