Dernière mise à jour à 14h35 le 10/10
Quatre mégapoles de Chine ont élaboré un projet de règlement sur les conducteurs et les véhicules privés utilisés pour les services de réservation de voiture avec chauffeur, une décision susceptible, selon les analystes, de donner un coup majeur à cette industrie en plein essor.
Les règles annoncées par les municipalités de Beijing et de Shanghai comprennent des exigences exigeant que les conducteurs et leurs voitures soient enregistrés localement, tandis que les villes de Shenzhen et de Guangzhou (Sud du pays) interdisent l'utilisation de certains types de véhicules.
D'après la commission des transports de Beijing, les règles publiées samedi 8 octobre visent à lutter contre la « maladie » causée par la croissance rapide de la population et le nombre élevé des véhicules, qui affectent l'environnement.
Les experts du secteur estiment que ces règles pourraient freiner l'enthousiasme pour les applications mobiles comme Didi Chuxing et Uber, qui permettent aux propriétaires de voitures privées de gagner de l'argent en offrant des services de taxi.
Selon Zhang Xu, analyste des transports pour le cabinet de conseil sur Internet Analysys, la mesure pourrait avoir un impact « catastrophique » sur l'industrie dans ces villes, car elle limitera le nombre des voitures et conducteurs pouvant être utilisés par ces plates-formes.
Dans un communiqué publié samedi par Didi, cette dernière a expliqué les difficultés qu'elle connaîtrait du fait des mesures proposées : « Prenons Shanghai, par exemple, moins de 10 000 de nos 410 000 conducteurs à Shanghai sont titulaires d'un hukou local ». Le hukou est le système national d'enregistrement des familles.
En outre, a précisé Didi, seulement un cinquième des véhicules en service à Shanghai sur l'application Didi répondraient aux exigences du projet de règlement. De même, a-t-elle ajouté, leurs services deviendraient plus coûteux et moins efficaces en raison d'une offre limitée.
D'après Wang Xiaofeng, analyste chez le cabinet de conseil Forrester, les travailleurs migrants en provenance d'autres parties de la Chine et possédant une voiture privée immatriculée non localement fournissent une grande partie des services de réservation de voiture avec chauffeur à Beijing et à Shanghai.
« Depuis la fusion Didi-Uber en août, les subventions offertes aux conducteurs ont été retirées », a souligné Mme Wang. « La plupart des chauffeurs locaux hésitent à proposer des services du fait d'une faible rentabilité. C'est pourquoi ce manque est comblé par des travailleurs migrants avec des voitures bas de gamme ».
Les nouvelles mesures vont avoir pour conséquence que les sociétés de services de voiture avec chauffeur vont probablement s'orienter vers des prestations plus rentables, avec des voitures fournies par des compagnies de location de véhicules professionnels, a-t-elle estimé, ajoutant que pour les passagers, des contrôles plus stricts sont néanmoins une bonne chose car ils garantissent des voyages en voiture plus sûrs.
Le projet de règlement est proposé seulement plusieurs mois après que les législateurs chinois aient donné le feu vert aux applications mobiles de type Uber en Chine.