Dernière mise à jour à 08h46 le 08/01
Staffan de Mistura, envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, a annoncé le soir du 14 décembre 2017 à Genève la fin du 8ème cycle de pourparlers de paix sur la Syrie, regrettant qu'une "opportunité d'or" pour le processus politique sur l'avenir de la Syrie ait été ratée, ce qui marque une année difficile pour faire avancer les négociations à Genève sur la question syrienne.
"Une opportunité d'or a été ratée à la fin de l'année au moment où il y a une claire indication de tous les côtés que les opérations militaires arrivent à leur terme", a déploré l'émissaire onusien lors d'une conférence de presse tenue à l'issue de ce dernier cycle de pourparlers de 2017 à Genève.
Le 23 février dernier, un round de pourparlers de paix sur la Syrie à Genève, premier du genre pour l'année 2017, a débuté au Palais des Nations à Genève, dans le but de trouver une solution à la crise qui a duré sept ans en Syrie.
Depuis lors, cinq cycles de négociations ont été organisés à Genève en 2017 sans percée pour raison de profondes divergences entre les parties rivales de la Syrie.
Après les tractations, les discussions à Genève entre les négociateurs syriens en 2017 ont été finalement axées sur quatre principaux sujets, à savoir : la mise en place d'une gouvernance "crédible, inclusive et non-sectaire"; l'élaboration d'une nouvelle Constitution; la préparation d'élections "sous la supervision des Nations unies"; ainsi que la question sur la lutte contre le terrorisme.
Mais les négociations intersyriennes se trouvent toujours dans l'impasse pour des raisons complexes.
Primo, la principale pierre d'achoppement est le sort réservé au président syrien Bachar Al-Assad, dont le départ immédiat est réclamé par des opposants. Les principaux opposants aux rendez-vous à Genève insistaient sur le départ de l'actuel président syrien pour rétablir la paix dans le pays, ce que a été catégoriquement rejeté par la délégation du gouvernement syrien. Grâce aux victoires militaires sur terrain du gouvernement syrien, sa stature n'a été que renforcée tant en Syrie que sur la scène internationale, face à des rebelles affaiblis. Il est donc difficile d'imaginer le départ de Bachar Al-Assad dans les circonstances actuelles. Selon des experts, l'opposition serait obligée de revoir à la baisse de ses exigences, notamment le départ immédiat de Bachar al-Assad, une concession refusée jusqu'à présent par les opposants.
Secundo, l'opposition syrienne reste relativement fragmentée. Signe de tensions, plusieurs figures du Haut comité des négociations (HCN), qui représentait l'opposition à Genève, ont rendu publique leur démission, quelques jours avant le dernier cycle de pourparlers à Genève. Après le départ de ces opposants, les différentes factions de l'opposition, y compris les groupes appuyés par Le Caire et Moscou, ont envoyé une délégation unifiée à Genève, mais une même voix de l'opposition et son poids réel sur la crise syrienne restent toujours discutables.
Tertio, d'autres plate-formes sur le conflit en Syrie restent déjà là, telles que le cadre d'Astana (capitale du Kazakhstan) , à quoi s'ajoute la proposition sur la tenue d'"un Congrès national syrien" à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie. Cette idée avait été proposée lors d'un sommet trilatéral entre les présidents iranien Hassi Rohani, russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan, tenu le 22 dernier novembre à Sotchi. Les dates des 29 et 30 janvier 2018 pour ce congrès ont été même avancées par les trois pays lors du dernier round de pourparlers fin décembre 2017 à Astana, malgré le rejet d'une partie des opposants syriens.
Par ailleurs, face à l'absence de progrès dans le processus de négociations à Genève, l'émissaire onusien De Mistura avait appelé, lors d'une interview accordée à la presse, la Russie à faire pression sur le gouvernement syrien, ce qui a suscité le mécontentement de Damas qui estime que cela "discrédite son rôle de médiateur des pourparlers et affecte les discussions de Genève dans leur ensemble". La question syrienne est en outre compliquée par les facteurs de l'extérieur, dont l'implication de puissances mondiales et régionales, ainsi que la question sur les Kurdes.
Il reste sans doute un long chemin à parcourir pour dénouer le noeud du conflit syrien qui a déjà duré sept ans. Mais face au nombre de morts qui a dépassé les 330.000, il est urgent pour les parties concernées de la Syrie de trouver une solution.
Le gouvernement et l'opposition de la Syrie acceptent de prendre part aux négociations, sous l'égide de l'ONU, ce qui revêt une importance significative, a déclaré Xie Xiaoyan, envoyé spécial du gouvernement chinois pour la Syrie, lors du dernier cycle de négociations à Genève.
Les deux parties aux négociations doivent faire preuve de "compréhension mutuelle" et faire des compromis pour mettre fin au conflit syrien, a estimé l'émissaire chinois.
Il a comparé les négociations à Genève à "la construction d'un tunnel à partir de deux bouts". "Petit à petit, ils se rapprocheront", a ajouté M. Xie.