Dernière mise à jour à 08h32 le 13/11
Le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres ont plaidé dimanche après-midi en faveur du multilatéralisme, à l'ouverture du Forum sur la paix, qui a réuni des dirigeants mondiaux à l'occasion du centenaire de l'armistice de la Première Guerre mondiale, à l'exception notable du président américain Donald Trump.
M. Macron a décrit dans son discours d'ouverture l'état actuel du monde, fragilisé par des crises - économique, écologique, climatique et migratoire - qui déstabilisent nos sociétés. Un monde fragilisé par la résurgence de menaces telles que le terrorisme, la prolifération chimique ou nucléaire, la cybercriminalité, capables de frapper à tout moment. Un monde fragilisé par le retour des passions tristes : "le nationalisme, le racisme, l'antisémitisme et l'extrémisme qui remettent en cause cet horizon que nos peuples attendent". Tout ceci explique l'organisation de ce forum qui a pour objectif de promouvoir la paix, a indiqué le président français.
Ces inquiétudes de M. Macron, envers notamment la montée du nationalisme, sont partagées par Mme Merkel. "On recommence à agir comme si l'on pouvait ignorer nos relations et engagement réciproques (...) même le projet européen de paix est de nouveau remis en question. Nous voyons bien que certains sont prêts à faire prévaloir leurs propres intérêts fut-ce par le recours à la violence", a-t-elle constaté.
La chancelière allemande donne pour preuve des chiffres : "L'année dernière, 222 conflits violents ont été dénombrés dans le monde. Et selon le Haut commissariat aux réfugiés, on comptait 68,5 millions de réfugiés, plus que le nombre d'habitants de la France", a-t-elle indiqué. Pour Mme Merkel, les défis et les menaces auxquels nous faisons face ne peuvent êtres résolus au plan national mais seulement dans la solidarité. C'est pourquoi "nous devons nous prononcer en faveur de cette action commune", a déclaré Mme Merkel tout en invitant à tirer les leçons de la Grande guerre.
"La première Guerre mondiale nous a montré les conséquences funestes de l'isolationnisme, et si, il y a cent ans, l'isolement n'était déjà pas une solution, comment voulez-vous qu'il soit une solution aujourd'hui, dans un monde totalement en réseau avec une population cinq fois plus importante qu'il y a un siècle?" s'interroge Mme Merkel. Une coopération internationale étroite sur la base de valeurs communes est la seule possibilité pour "surmonter l'horreur du passé et construire un bon avenir", a estimé la chancelière allemande.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a également pointé du doigt les maux que sont l'isolationnisme et le repli. L'affaiblissement de l'esprit de compromis propre aux démocraties et l'indifférence à l'égard des règles collectives sont selon M. Guterres un poison pour le multilatéralisme. Il cite en guise d'exemple la division du Conseil de sécurité, notamment sur le conflit syrien, qui "signe le retour des systèmes d'alliance au Moyen-Orient", et la dynamique de confrontation commerciale, qui atteste du retour du bilatéralisme face au multilatéralisme commercial.
Pour le secrétaire général de l'ONU, le multilatéralisme est cependant plus que jamais nécessaire. "Le temps d'une hyper-puissance en mesure de rassurer l'économie mondiale ou de garantir la sécurité internationale est révolu", a-t-il prévenu.
M. Trump, qui avait assisté dans la matinée à la cérémonie officielle du centenaire de l'armistice sous l'Arc de Triomphe, s'est démarqué du Forum sur la paix. Le président américain a préféré se rendre au Cimetière américain de Suresnes (ouest de Paris) où sont enterrés 1.500 soldats américains de la Grande guerre.