Dernière mise à jour à 08h08 le 26/11
La septième journée de mobilisation des "gilets jaunes" contre la hausse des taxes sur le carburant en France est marquée ce samedi par de violents incidents, notamment à Paris où l'avenue des Champs-Elysées a été le théâtre d'affrontements entre "casseurs" et les forces de l'ordre.
Le ministère de l'Intérieur a recensé au total, 106.301 manifestants sur l'ensemble du territoire national, soit deux fois moins que samedi dernier, première journée de manifestation des "gilets jaunes" qui avait mobilisé 282.710 personnes.
Les manifestants sont répartis sur 1.619 "lieux ou actions sur la voie publique", et les forces de l'ordre ont procédé à 130 interpellations dans toute la France dont 42 à Paris, selon la même source.
Ces interpellations s'expliquent par la nature mouvementée de cette septième journée de mobilisation des "gilets jaunes", marquée par des incidents violents, notamment à Paris, où de violents affrontements ont opposé dès la matinée, des "casseurs" aux forces de l'ordre sur la célèbre avenue des Champs-Elysées, interdite aux manifestants.
Les "casseurs" encagoulés ont installé des barrières sur les Champs-Elysées, incendié des planches de bois, dégradé des biens privés et jeté des pierres sur les forces de l'ordre. Ces derniers ont riposté en faisant usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants.
Le bilan provisoire est de 24 blessés dont 5 membres des forces de l'ordre, indique la préfecture de police de Paris. "Nous avons été en capacité de se déployer pour rétablir l'ordre en particulier sur les Champs-Elysées. Le constat est que dès 10h30 le passage à l'acte violent était sur le terrain. Il y a eu 42 interpellations à Paris et je n'exclus pas qu'il y'en ait encore dans les heures à venir", a indiqué samedi soir lors d'une conférence de presse le préfet de police, Michel Delpuech.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qui a dénoncé le "durcissement des actions" du mouvement des "gilets jaunes", accuse les réseaux de l'ultra droite qui sont très mobilisés, dit-il, sur les Champs-Elysées, en réponse à l'appel de la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen.
"Je constate depuis ce matin à travers cette mobilisation de l'ultra droite, c'est qu'au fond les séditieux ont répondu à l'appel de Marine Le Pen et, ils veulent s'en prendre aux institutions comme ils veulent s'en prendre aux parlementaires de la majorité", a déclaré dans la journée M. Castaner. Des accusations rejetées par Mme Le Pen ainsi que les opposants (gauche et droite), qui ont invité le gouvernement à entendre la colère des manifestants.
"Il n'est pas un ministre de l'intérieur, c'est un militant politique. Il se comporte comme tel car ses accusations sont indignes. J'ai simplement interrogé le gouvernement pour connaître les raisons pour lesquelles les gilets jaunes ne pourraient pas manifester sur les Champs-Elysées", a réagi sur LCI, Mme Le Pen, précisant qu'elle n'a jamais appelé à la violence sur les Champs-Elysées.
Jean-Luc Mélenchon a critiqué sur son compte Twitter, les accusations du ministre de l'Intérieur qui selon lui minimise la mobilisation des "gilets jaunes". "Castaner voudrait que la manifestation des gilets jaunes soit d'extrême droite et peu nombreuse. La vérité est que c'est la manifestation massive du peuple. Et ça, c'est la fin pour Castaner", a-t-il écrit.
"La vérité c'est que nous faisons face à un mouvement qui est ultra majoritaire puisqu'il est soutenu par la plupart des Français. Donc la seule question c'est comment répondre à ces Français qui manifestent leur colère", a déclaré sur BFMTV, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, tout en invitant le gouvernement à un moratoire sur les nouvelles hausses.
A droite également on déplore la démarche du gouvernement face au mouvement des "gilets jaunes". Le vice-président des Républicains (LR), Guillaume Peltier, a dénoncé sur sont compte Twitter la volonté d'Emmanuel Macron et de Christophe Castaner de "stigmatiser et de caricaturer les gilets jaunes", alors que le président du Sénat Gérard Larcher estime sur Twitter que "l'exécutif doit rapidement trouver les voies d'une sortie de crise".
Le président Emmanuel Macron a également réagit en remerciant les forces de l'ordre pour leur "courage et leur professionnalisme" et en dénonçant les violences.
"Honte à ceux qui les ont agressées (les forces de l'ordre). Honte à ceux qui ont violenté d'autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d'intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République", a-t-il tweeté samedi soir. Selon la presse française, le président Macron va faire de nouvelles propositions mardi prochain en réponse à la colère des "gilets jaunes".