Dernière mise à jour à 08h42 le 28/12
Après six semaines de mobilisation, souvent très agitées, des "gilets jaunes", l'heure est au bilan. Différents secteurs de l'économie française, notamment le commerce, les transports et encore l'hôtellerie ont dressé un bilan désastreux des six semaines de contestation alors que le mouvement persiste malgré son essoufflement.
Les pertes enregistrées par les différents secteurs de l'économie pendant ces six semaines de manifestation des "gilets jaunes", sont énormes. Le Conseil national des centres commerciaux (CNCC) a estimé dans un communiqué en date du 17 décembre dernier, après la cinquième semaine de mobilisation, la perte de chiffre d'affaires pour les centres commerciaux à 2 milliards d'euros.
Et "les quelques jours qui restent avant Noël ne permettront pas de récupérer cette perte", a indiqué dans le document le délégué Général du CNCC, Gontran Thüring, tout en précisant que la filière représente 5% du PIB et plus de 525 000 emplois non délocalisables.
Ces chiffres ont été confirmés par la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, qui a annoncé samedi dernier sur la chaîne de télévision française BFMTV, une baisse des ventes de 25% en moyenne.
"On parle de baisse de 60 à 70% des ventes, cela concerne les commerces les plus touchés par le mouvement, ceux qui ont dû baisser le rideau certains samedis des précédentes semaines. En moyenne, on se situe plutôt à moins 25%", a-t-elle indiqué.
Dans une étude portant sur l'impact des cinq semaines de mobilisation des "gilets jaunes", publiée le 24 décembre sur son site, la société mondiale d'évaluation et d'analyses de données Nielsen indique que "le chiffre d'affaires total magasin (hors carburants) a subi une baisse de 1.0% soit 160 millions d'euros en moins", comparé à la même semaine de l'année précédente. Une perte liée aux difficultés de circulation et d'accès aux points de vente pendant les journées de mobilisation des "gilets jaunes" selon l'étude.
Outre le commerce, le secteur hôtelier a également été impacté par le mouvement des "gilets jaunes", avec une perte estimée à 10% sur l'ensemble du territoire, selon le président du Groupement national des chaînes hôtelières (GNC), Jean-Virgile Crance.
A Paris, on est même à moins 30%, dont 35% de clientèle française. Ça montre bien l'impact sur les touristes internationaux. Il y a eu des annulations sur des très courts termes, il y a eu aussi beaucoup d'événements annulés en raison du principe de précaution. Aujourd'hui c'est le coup de frein au niveau des réservations, on estime à une baisse de 20% la volumétrie des réservations pour le début de l'année 2019, a expliqué M. Virgile Crance mercredi 26 décembre sur Franceinfo.
Vinci autoroute, pôle du groupe français Vinci, spécialisé dans la concession et l'exploitation d'infrastructures autoroutières, a estimé à plusieurs millions d'euros les dégâts causés par le mouvement sur l'ensemble de son réseau routiers.
"Près de 250 sites ont été impactés quotidiennement par les actions des manifestants (...) 6 bâtiments d'exploitation, 33 véhicules d'intervention, 15 échangeurs et plates formes de péage, dégradation de chaussées, de caméras de sécurité, des glissières et panneaux de signalisation", a indiqué le 16 décembre dernier Vinci autoroute dans un communiqué.
Ces pertes et dégradations ont des conséquences sur l'emploi. "Au 21 décembre, plus de 43 000 salariés ont été touchés par le chômage partiel en raison du mouvement des gilets jaunes", a indiqué la secrétaire d'Etat, Agnès Pannier-Runacher, sur son compte. Ce chômage technique des 43 000 salariés (baisse d'activité en dessous de l'horaire légale de travail) entraine une perte de salaire de ces travailleurs qui sera compensée par l'Etat.
Le bilan humain dressé après ces six semaines de contestation, est tout aussi alarmant. Au tout début du mouvement, le ministère de l'intérieur annonçait le 20 novembre dernier, un premier bilan de 2 décès, 552 blessés dont 95 blessés parmi les forces de l'ordre. Depuis, ces chiffres ont vite grimpé passant de 2 à 10 morts et plus de 2 000 blessés sur l'ensemble du territoire.
Commerçants, restaurateurs, hôteliers ... craignent désormais une poursuite des manifestations qui pénalisera à nouveau fortement leur activité. Car malgré l'essoufflement du mouvement, et l'évacuation forcée des ronds-points par les autorités, certains "gilets jaunes" sont déterminés à poursuivre la contestation. Dans plusieurs endroits en province, de petits groupes de "gilets jaunes" ont fêté Noël autour du feu au niveau des ronds-points.
Selon Vinci Autoroutes, qui fait le point chaque jour sur son site, quelques manifestations persistent ce jeudi 27 décembre. Il appelle à la prudence à l'approche des péages et des accès aux autoroutes, "où des piétons peuvent être présents".