Dernière mise à jour à 08h36 le 18/01
La proposition visant à créer une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie divise les puissances internationales, qui ne parviennent pas à s'accorder sur l'avenir des régions contrôlées par les Kurdes, ont souligné les analystes.
Alors même que les milices kurdes du nord de la Syrie appelaient le gouvernement syrien à les aider à stabiliser la région et à empêcher une offensive militaire turque contre les Kurdes, les Etats-Unis et la Turquie se sont mis à discuter de la création d'une zone de sécurité dans la région.
La situation dans le nord et le nord-est de la Syrie était supposée progresser vers le rétablissement de la paix et le retour du gouvernement syrien dans la région, notamment après la soudaine décision des Etats-Unis de retirer leurs troupes du pays.
Cette décision avait alors laissé espérer un départ de toutes les forces étrangères illégalement déployées en Syrie, ce qui aurait constitué une avancée positive vers une résolution politique de la crise et une stabilisation de la situation dans le pays.
La Turquie et les Etats-Unis ne sont cependant pas parvenus à s'entendre au sujet des Kurdes, qui sont considérés comme des terroristes par la Turquie, mais soutenus par les Etats-Unis. Les deux pays semblent maintenant avoir trouvé une solution pour apaiser les tensions, en proposant notamment la création d'une zone de sécurité.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a ainsi récemment annoncé que la Turquie allait établir une zone de sécurité de 30 km dans le nord-est de la Syrie, une mesure qui lui aurait été suggérée par le président américain Donald Trump.
Cette proposition a cependant eu des échos très variés au sein des milices à majorité kurde.
Un des chefs politiques du Conseil démocratique syrien (CDS), dirigé par les Kurdes, a ainsi rejeté l'idée d'une zone de sécurité imposée par la Turquie, selon la chaîne saoudienne Al Arabiya.
Le CDS est la branche politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), une milice qui contrôle plusieurs zones du nord-est de la Syrie avec le soutien des Etats-Unis.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a quant à lui vivement critiqué les propositions de M. Erdogan sur cette zone de sécurité.
Ces mesures "vont à l'encontre des principes les plus élémentaires et de la Charte de l'ONU", a-t-il affirmé, soulignant que le gouvernement syrien était déterminé à préserver l'intégrité territoriale de son pays, et défendrait le territoire syrien contre toute occupation turque.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a quant à lui soutenu l'idée selon laquelle l'armée syrienne devait reprendre le contrôle de tout le nord de la Syrie, selon le journal al-Watan.
"Nous sommes convaincus que la seule solution est de transférer le contrôle des régions nord et nord-est de la Syrie aux forces de sécurité et au gouvernement syrien", a-t-il affirmé.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme, un groupe de veille basé à Londres, a pour sa part souligné qu'il serait dangereux de créer une zone de sécurité dans le nord de la Syrie. Le retour de réfugiés syriens depuis la Turquie vers ces régions provoquerait en effet un changement démographique perceptible dans ces zones majoritairement kurdes.
Maher Ihsan, un expert politique syrien, a déclaré à Xinhua que la création d'une zone de sécurité ne ferait que ralentir la résolution politique de la crise, alors même que la situation était sur le point de s'améliorer.