Dernière mise à jour à 08h54 le 02/02
Malgré des divergences persistantes entre les différents pays européens, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a accordé vendredi son plein soutien à la suspension par les États-Unis de leurs obligations au regard du traité FNI.
Évoquant une "violation substantielle par la Russie" du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), le Conseil de l'Atlantique Nord, principal organe de décision politique de l'OTAN, a appelé dans un communiqué la Russie "à tirer parti des six mois restants pour revenir à une conformité complète et vérifiable afin de préserver le traité FNI.
Washington a annoncé plus tôt vendredi que les États-Unis se retiraient de ce traité, une décision perçue comme aggravant le risque de course aux armements internationale.
Qualifiant cette décision de Washington de "mesure grave", le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a mis en garde que cela porterait "un coup terrible au système encore existant de contrôle international des armements et de non-prolifération des armes de destruction massives".
"Cela signifie en réalité que Washington s'affranchit de toutes les restrictions relatives au fonctionnement de ce traité", a déclaré M. Riabkov vendredi dans une interview sur la chaîne Russia 24 TV.
Malgré le soutien total exprimé dans ce communiqué, l'OTAN est loin de présenter un front uni sur cette question, car les pays d'Europe, situés entre l'Atlantique et la Russie, ont le plus grand intérêt dans le maintien de ce traité.
Lorsque le président des États-Unis Donald Trump a déclaré en octobre dernier que Washington se retirerait du traité FNI, les responsables européens ont réagi vivement.
Le 23 octobre 2018, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a déclaré devant les médias que ce traité affectait les intérêts vitaux de l'Europe, et que l'Allemagne le défendrait par toutes les approches diplomatiques.
La veille, la France, autre grand pays de l'Union européenne (UE), avait réagi en mettant en garde par la voix de son ministère des Affaires étrangères que toute décision "hâtive" et "unilatérale" sur le traité FNI serait "regrettable".
Le même jour, le président français Emmanuel Macron a évoqué à M. Trump l'importance de ce traité, en particulier pour la sécurité européenne.
En écho à M. Macron, la porte-parole de la Commission européenne, Maja Kocijancic, a souligné le 22 octobre que ce traité était l'un des piliers de la structure de sécurité européenne, et qu'il avait contribué à la fin de la Guerre froide et de la course aux armements nucléaires. Elle a appelé les États-Unis et la Russie à rester engagés dans ce dialogue.
La sortie des États-Unis du traité FNI génère des incertitudes avec pour conséquences de menacer la stabilité régionale et mondiale ainsi que le désarmement nucléaire, a déclaré dans une interview à Xinhua en octobre dernier l'ex-sous-secrétaire d'État italien à la défense, Stefano Silvestri.
"Ce n'est pas un bon message pour la stabilité mondiale et la stratégie de désarmement nucléaire mondiale (...)", a-t-il dit.
Conclu en 1987 entre l'Union soviétique et les États-Unis, le traité FNI a été le premier accord jamais conclu entre Washington et Moscou en matière de désarmement nucléaire, et une étape majeure vers une limite de la course aux armements.
Toutefois, les deux parties se sont accusées mutuellement de violations de l'accord de contrôle des armements ces dernières années, dans un contexte de montée des tensions.