Dernière mise à jour à 10h15 le 01/02
Debbie Morgan sourit avec fierté lorsqu'un élève britannique, auparavant moins performant, donne une réponse correcte en classe après avoir appris les mathématiques « à la Shanghaïenne ».
« Les mathématiques de Shanghai incarnent la conviction que chaque enfant peut réussir si elles lui sont bien enseignées, ce qui entraîne un changement de mentalité dans les écoles britanniques », a déclaré Mme Morgan, directrice des écoles primaires au Centre national d'excellence de l'enseignement en mathématiques du Royaume-Uni.
Les écoles britanniques adoptent les méthodes d'enseignement des mathématiques de Shanghai avec un enthousiasme croissant. Jusqu'à présent, 5 000 des 16 000 écoles primaires britanniques ont en effet adopté la méthode de Shanghai et le gouvernement du Royaume-Uni a engagé 41 millions de livres (54 millions de dollars) pour aider au moins 8 000 écoles à adopter les méthodes shanghaïennes d'enseignement des mathématiques d'ici 2020.
Ce mois-ci, un groupe de 86 professeurs de mathématiques de Shanghai a visité plus de 40 écoles britanniques où ils ont dispensé des cours aux élèves et échangé des idées avec des enseignants locaux. Ces professeurs invités sont les derniers en date à participer à un programme d'échanges dirigé par le gouvernement. Il a commencé en 2014 et compte plus de 700 enseignants.
Et ces investissements ont déjà donné des résultats : une étude réalisée par l'Université Sheffield Hallam a ainsi révélé que les étudiants des écoles britanniques utilisant la méthode de calcul de Shanghai ont dépassé la moyenne nationale entre 2015 et 2017.
Mieux encore, selon Mme Morgan, l'impact dépasse de loin les résultats des tests mathématiques mesurables. Cette méthode a cultivé la passion et la confiance des élèves dans les mathématiques. Les techniques du système, qui incluent une aide personnalisée sur mesure, ont encouragé de nombreux étudiants qui avaient auparavant de mauvais résultats, leur permettant de rattraper leurs camarades.
Selon Carol Knights, directrice des écoles secondaires au Centre national d'enseignement des mathématiques, les techniques de mathématiques de Shanghai permettent aux jeunes élèves d'acquérir les connaissances de base de manière plus solide, et ainsi de comprendre un contenu plus complexe lorsqu'ils seront plus âgés.
« Au Royaume-Uni, l'un des problèmes actuels est que, souvent, les étudiants qui réussissent bien en mathématiques se retrouvent soudainement aux prises avec le A-level », a souligné Mme Knights. (A-level correspond à un examen passé au cours des deux dernières années du secondaire). « C'est parce que leurs fondements ne sont pas assez solides et que nous pensons que les méthodes de calcul de Shanghai peuvent résoudre efficacement ce problème », a-t-elle affirmé.
Les méthodes d'enseignement des mathématiques de Shanghai ont d'abord attiré l'attention du public lorsque la ville a dominé le programme de l'Organisation de coopération et de développement économiques pour le classement des évaluations internationales des étudiants de 15 et 16 ans en 2009 et 2012. Ces performances impressionnantes ont été annoncées alors que le gouvernement britannique envisageait d'améliorer les connaissances en mathématiques des enfants britanniques. Le gouvernement a alors décidé d'adopter certaines techniques mathématiques de Shanghai pour le programme britannique.
Chaque année depuis 2014, des groupes d'enseignants britanniques et chinois se sont rendus visite dans leurs écoles respectives pour partager leurs compétences et discuter de méthodes efficaces. Lorsque le dernier groupe d'enseignants de chinois a enseigné dans les écoles britanniques ce mois-ci, leurs leçons ont été suivies par des dizaines d'enseignants locaux désireux d'apprendre les techniques pour leurs propres cours.
Liu Xiaoming, ambassadeur de Chine au Royaume-Uni, a déclaré lors d'une réception des enseignants de Shanghai à l'ambassade que le programme avait approfondi et enrichi les partenariats d'éducation entre la Chine et le Royaume-Uni et renforcé la compréhension mutuelle entre la Chine et l'Occident.
De son côté, Nick Gibb, ministre britannique de l'Education, a dit : « Cet échange contribue à apporter des changements profonds et systématiques dans nos écoles, en donnant aux enseignants un aperçu des meilleurs enseignements en mathématiques au monde ».