Dernière mise à jour à 09h51 le 31/01
Des chercheurs ont publié des preuves statistiques selon lesquelles la pollution de l'air rend les citadins chinois moins heureux. Leur approche de recherche, basée sur une analyse de mégadonnées, ou big data, de commentaires en ligne, devait montrer si les gens sont satisfaits du taux d'amélioration de la qualité de l'air.
L'étude, publiée dans la revue Nature Human Behavior le 22 janvier, a révélé que la concentration de particules de PM2.5 et l'humeur des gens sont inversement corrélés. Regroupant des experts des mégadonnées, de l'économie urbaine et des sciences de l'environnement, l'étude a révélé que les personnes sont plus touchées pendant les week-ends, les vacances et en cas de conditions climatiques extrêmes, et que les femmes et les habitants des villes les plus propres, les plus sales et les plus riches sont les plus sensibles à la pollution de l'air.
Les chercheurs ont collecté et analysé 210 millions de messages géolocalisés sur Sina Weibo, une plate-forme majeure de médias sociaux, dans 144 villes chinoises de mars à novembre 2014, et ont construit une mesure quotidienne du bonheur au niveau municipal basée sur les sentiments exprimés. L'étude a révélé qu'une augmentation de 1 de la densité standard en PM2.5 est associée à une diminution standard de 0,043 de l'indice de bonheur. De même, l'indice de bonheur baisse brusquement de 1,451 en diminution standard lorsque le gouvernement annonce une alerte de « pollution grave », a ajouté l'enquête.
Les méthodes de recherche traditionnelles mesurent le bonheur en demandant aux gens d'évaluer leur satisfaction à l'égard de la vie ou d'évaluer leur humeur. Cependant, il peut être difficile pour de telles approches de distinguer le bonheur en temps réel et à long terme. L'approche utilisée dans la nouvelle étude permet de résoudre ce problème. Les chercheurs ont en effet réussi à mesurer le bonheur en temps réel en effectuant une analyse sémantique du sentiment exprimé dans des commentaires sur Sina Weibo à l'aide d'un algorithme d'analyse du sentiment formé sur machine et issu de la linguistique informatique.
L'étude a également noté que l'impact négatif global de la pollution atmosphérique sur le bonheur des personnes montré par l'étude pourrait être sous-estimé, étant donné que les personnes plus jeunes et plus instruites sont plus actives dans les médias sociaux que les personnes âgées, qui sont plus vulnérables aux effets de l'air sur la santé.
« La disponibilité généralisée des médias sociaux a accru la volonté et la capacité des Chinois à exprimer leur mécontentement face à la pollution de l'air et à d'autres problèmes de qualité de vie », a conclu l'étude, ajoutant que le soutien des jeunes et des personnes bien éduquées à la qualité de l'air constitue pour le gouvernement une incitation à appliquer les normes environnementales.
Wang Jianghao, un expert en données volumineuses qui était le principal auteur de l'étude, a de son côté déclaré que les chercheurs continuaient à suivre les changements de l'indice de bonheur et de la qualité de l'air, ce qui contribuera à déterminer si les gens sont satisfaits des améliorations apportées. L'étude sera également étendue pour couvrir les effets possibles de la pollution de l'air sur les projets de déplacement, de restauration et de divertissement des gens. Un des objectifs spécifiques pourrait être de déterminer si le mauvais air rend les enfants moins enclins à aller à l'école, a noté M. Wang, chercheur associé à l'Institut des sciences géographiques et des ressources naturelles de l'Académie des sciences de Chine.
Selon M. Wang, un grand nombre d'études ont été réalisées sur l'impact de la pollution atmosphérique sur la santé des personnes, mais moins sur son impact sur l'humeur. Les mégadonnées pourraient jouer un rôle important dans des études similaires centrées sur les personnes, dont les résultats devraient mieux servir le public. Le rôle des mégadonnées dans les études pourrait devenir encore plus important étant donné que le gouvernement s'est engagé à améliorer l'environnement et à augmenter le bonheur des gens en garantissant davantage de jours de de ciel bleu, a-t-il conclu.