Dernière mise à jour à 08h46 le 15/02
La première réunion ministérielle de l'année de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) s'est achevée jeudi, après avoir abordé des sujets comme le contrôle des armements, le partage des responsabilités et la défense européenne. La réunion s'est terminée sur fond de tensions accrues entre Washington et Moscou, qui s'accusent mutuellement d'avoir enfreint un traité de contrôle des armements datant de la Guerre froide.
TENSIONS AUTOUR DU TRAITE FNI
Dans une conférence de presse donnée à l'issue de la rencontre, le Secrétaire général de l'ONU Jens Stoltenberg a appelé une fois encore la Russie à utiliser les six prochains mois pour revenir à un respect complet et vérifiable du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) afin de préserver l'existence de cet accord.
Depuis quelques années, les tensions montent en effet à ce sujet entre Moscou et Washington, qui s'accusent mutuellement d'avoir enfreint le traité. Le 1er février, le gouvernement américain a ainsi annoncé qu'il se retirerait du traité FNI dans un délai de six mois à partir du 2 février. Suite à cette décision, la Russie a annoncé le 2 février qu'elle suspendrait également sa participation au traité.
Moscou considère qu'un démantèlement de cet accord de contrôle des armements par Washington pourrait avoir des conséquences imprévisibles.
"Regardez ce qui se passe en matière de désarmement... Les Américains s'efforcent de démanteler complètement le système global de contrôle des armements, ce qui débouchera sur une situation absolument imprévisible", a déclaré samedi Vassily Nebenzya, ambassadeur de Russie aux Nations unies.
"Les Alliés sont tous prêts à continuer à discuter avec la Russie. Mais nous nous préparons également à un monde sans traité FNI", a quant à lui déclaré M. Stoltenberg.
A cette fin, un certain nombre de membres de l'OTAN ont proposé de nouvelles contributions à l'initiative de préparation au combat des "Quatre trente", qui garantit que 30 navires de guerre, 30 bataillons terrestres et 30 escadrilles aériennes pourront à tout moment être déployés en moins de 30 jours.
"Cela renforcera la capacité de l'OTAN à répondre de manière rapide et décisive à toute crise future", a indiqué le Secrétaire général de l'OTAN au cours de cette réunion de deux jours.
DES DEPENSES SUPPLEMENTAIRES EN MATIERE DE DEFENSE
Sur la question délicate du partage des responsabilités, M. Stoltenberg a déclaré à la presse que les membres européens de l'OTAN et le Canada allaient dépenser 100 milliards de dollars américains supplémentaires dans le domaine de la défense d'ici la fin 2020.
Avant même son investiture officielle, en janvier 2017, le président américain Donald Trump avait commencé à critiqué le partage inégal des responsabilités au sein de l'OTAN, accusant les autres membres de l'alliance de se contenter de profiter des contributions américaines, qui représentent depuis longtemps la majeure partie du budget militaire de l'OTAN.
A l'époque, non content de décrire l'OTAN comme "obsolète", il avait également critiqué les alliés pour avoir manqué à leur promesse de consacrer 2 % de leur PIB à la défense.
Depuis son investiture, M. Trump continue à clamer que les autres pays de l'OTAN laissent les Etats-Unis prendre en charge le coût de leur défense conjointe.
Selon des chiffres de l'OTAN, seuls cinq des 29 pays membres ont en effet atteint leurs objectifs budgétaires l'année dernière : l'Estonie, la Grèce, la Lettonie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
UNE COOPERATION RENFORCEE AVEC L'UNION EUROPEENNE
Pour ce qui est de sa coopération avec l'Union européenne (UE), l'OTAN a salué dans un communiqué l'attention croissante que l'UE accorde à sa propre défense, un phénomène qui contribuera à renforcer l'OTAN.
La coopération sécuritaire entre les deux parties est cependant loin d'être aussi positive et harmonieuse que ne le suggère ce communiqué. En novembre dernier, Donald Trump et le président français Emmanuel Macron se sont en effet vivement opposés au sujet d'une "armée européenne".
Dès son arrivée à Paris, où s'était rendu pour le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, M. Trump avait ainsi critiqué la proposition de "vraie armée européenne" de M. Macron, décrivant cette idée comme "insultante".
"Peut-être l'Europe devrait-elle d'abord payer sa part au sein de l'OTAN, une organisation que les Etats-Unis subventionnent en grande partie !", avait-il affirmé sur Twitter.
S'efforçant d'apaiser la situation, M. Macron avait évoqué dans son discours inaugural "l'extraordinaire solidarité" qui unit "les plus vieux alliés".
Pour M. Trump, la coopération sécuritaire entre les Etats-Unis et l'Europe doit avant tout être plus équitable ; les Etats-Unis veulent contribuer à bâtir une Europe plus sûre, mais "cela doit rester équitable", a-t-il déclaré.