Dernière mise à jour à 10h18 le 10/07
Plus d'un mois après la phase 2 du déconfinement, la vie semble reprendre pleinement ses droits, malgré la présence du virus. Le constat d'un fléchissement du respect des gestes barrières et de la distanciation physique fait craindre un rebond de l'épidémie COVID-19 en France.
Le mercredi 8 juillet, en pleine séance de questions au gouvernement, le ministre de la Santé Olivier Véran a demandé à certains députés de remettre leur masque - baissé en dessous du menton - pour ne pas créer "un cluster dans l'Assemblée nationale". La veille, le mardi 7 juillet, les médias ont fait état de plusieurs cérémonies de passation de pouvoirs dans les ministères sur fond d'embrassades et de poignée de main, et sans masque.
Cette tendance au relâchement dans l'application des gestes barrières a pris de l'ampleur depuis l'annonce de la phase 2 du déconfinement. Les scènes de liesse dans les rues de Paris, Bordeaux, Nantes le 21 juin dernier lors de la traditionnelle fête de la musique en sont une illustration.
Les scientifiques et les soignants, désormais presque sûrs de l'imminence d'une nouvelle vague de l'épidémie, sonnent l'alerte depuis quelques jours. "Il y aura une deuxième vague, pour nous ça ne fait aucun doute. Dans le meilleur des cas, ce serait plutôt sur la période d'octobre-novembre", a déclaré ce jeudi 9 juillet le professeur Pierre-Louis Druais, membre du conseil scientifique COVID-19 sur BFMTV.
Ces scientifiques font remarquer le fléchissement du respect des gestes barrières et de la distanciation physique, qui seraient la cause d'un retour de l'épidémie. "Il y a une perte quasi complète des mesures de distanciation, en particulier chez la population jeune", a indiqué ce jeudi sur Franceinfo Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique. "On ne voit donc pas comment on éviterait une possible deuxième vague en octobre-novembre" a-t-il expliqué.
L'inquiétude est également présente chez les soignants qui ont mis en garde sur une probable dégradation de la situation sanitaire à cause de cas "importés", avec l'ouverture des frontières. "Depuis une petite semaine, on a observé un certain nombre de patients qui étaient essentiellement des personnes venant d'Algérie. C'est pourquoi il faut être extrêmement prudent", a expliqué sur RMC Bruno Mégarbane, le chef du service de réanimation médicale à l'hôpital parisien Lariboisière.
Selon le Pr Eric Caumes, chef de service des maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière, ces cas "importés" peuvent faire repartir l'épidémie en France. Il y a entre 500 et 700 nouvelles contaminations détectées par jour en France. L'Agence Santé publique France reconnaît dans son dernier point en mi-juin la progression des clusters dans le pays, mais elle précise que les "indicateurs de circulation du virus restent à des niveaux bas".
Or pour la première fois, le seuil des 50 cas pour 100.000 habitants a été franchi, en Mayenne, un département au nord-ouest de France. Six foyers épidémiques ont été identifiés dans la région. Cette hausse de cas de contamination au COVID-19 ces dernières semaines inquiète les autorités sanitaires.
L'Agence Régionale de santé (ARS) a annoncé un plan de dépistage massif à partir de la semaine prochaine. Le dépistage massif suivi de l'isolement des cas positifs et de leur entourage, est la méthode adoptée par le gouvernement pour "casser" les chaines de transmission.
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé le mercredi 8 juillet l'existence d'un plan de reconfinement en cas de deuxième vague. "Je viens dans le sens de la mission qui m'a été confiée, avec la volonté de préparer la France à une éventuelle deuxième vague mais surtout en préservant la vie économique et sociale (...) donc nous allons cibler", a-t-il indiqué sur BFMTV.