Dernière mise à jour à 10h05 le 12/04
La compagnie aérienne nationale Ethiopian Airlines a récemment transporté un lot de doses de vaccins contre le nouveau coronavirus entre Beijing et Harare, la capitale du Zimbabwe.
A ce jour, la Chine a fourni de tels vaccins à plus de 30 pays africains.
La fluidité des liaisons logistiques entre la Chine et l'Afrique pendant la pandémie a aidé les pays de ce continent à lutter contre ce fléau, a favorisé les échanges de biens dans les deux sens et a permis de s'assurer que la reprise économique de l'Afrique était sur la bonne voie.
DES VACCINS PAR AIR
Ces vaccins ont été le produit qui a connu la plus forte croissance et l'un des plus importants dans la logistique et le transport entre la Chine et l'Afrique.
Fitsum Abadi, directeur général des services de fret et de logistique d'Ethiopian Airlines, a dit noter que la fréquence des vols à destination et en provenance de la Chine avait doublé, passant d'environ 63 par semaine avant la pandémie à environ 120 aujourd'hui.
"Nous avons transporté des EPI (équipements de protection individuelle) de la Chine vers le reste du monde. En Afrique, nous avons transporté des EPI dans 52 pays", a-t-il détaillé.
Le transport aérien transfrontalier de médicaments exige une ponctualité stricte et une sécurité de stockage. C'est pourquoi la création d'une route vaccinale entre la Chine et l'Afrique s'est transformée en garantie logistique solide au milieu de cette pandémie.
L'an dernier, Ethiopian Airlines a annoncé son partenariat avec Cainiao Smart Logistics Network, la branche logistique du groupe chinois Alibaba, afin de lancer un service de fret aérien de chaîne du froid pour le transport de médicaments à température contrôlée, deux fois par semaine, depuis Shenzhen en Chine vers d'autres pays via Dubaï et Addis-Abeba, selon la compagnie éthiopienne.
Cette dernière a dit avoir travaillé avec des gouvernements, des organisations internationales, des fabricants de vaccins et d'autres partenaires pour fournir des solutions logistiques rapides et efficaces pour l'exportation et le transport de réactifs pour les tests à l'acide nucléique et de vaccins produits en Chine.
UN COMMERCE EN PLEINE EXPANSION
Outre les vaccins et autres matériels de prévention des épidémies, les voies empruntées et les produits transportés dans ce flux commercial sino-africain se diversifient.
En 2020, le Guangzhou Port Group a ouvert deux nouvelles routes africaines. L'entreprise, qui est l'un des plus grands ports principaux complets et des plus grands ports de conteneurs du sud de la Chine, s'est engagée à se développer sur le marché africain, gérant plus de 20 destinations africaines.
L'aéroport international Baiyun de Guangzhou compte actuellement cinq lignes régulières vers l'Afrique, couvrant des pays tels que l'Egypte, l'Ethiopie, le Kenya et le Rwanda. En 2020, il y avait environ 580 vols vers et depuis l'Afrique, transportant 100.000 tonnes de fret, a indiqué l'aéroport, ajoutant que la valeur du commerce avec l'Afrique était d'environ 20 milliards de yuans (3 milliards de dollars), soit une augmentation de 10% en glissement annuel.
Selon les douanes de Guangzhou, les exportations vers l'Afrique via l'aéroport Baiyun sont principalement des produits électroniques et des produits de première nécessité, tandis que les importations sont surtout des produits agricoles et des fruits de mer. Depuis l'an dernier, les fournitures destinées à la prévention des épidémies et autres produits de première nécessité ont considérablement augmenté.
Au cours des deux premiers mois de cette année, la valeur des échanges avec l'Afrique via l'aéroport Baiyun a atteint 3,87 milliards de yuans, soit près de deux fois plus que sur la même période l'année dernière, a indiqué le service des douanes de Guangzhou.
Les données officielles montrent que la Chine est le premier partenaire commercial de l'Afrique depuis plus de dix ans. Au cours des trois dernières années, les importations agricoles en provenance du continent ont augmenté à un taux annuel moyen de 14%, faisant de la Chine le deuxième importateur de produits agricoles africains.
Avec l'expansion du commerce sino-africain, Kenya Airways envisage d'ajouter de nouveaux vols de fret vers la Chine, a confié à Xinhua Dick Murianki, directeur de Kenya Airways Cargo. "Nous desservons actuellement Guangzhou, mais nous envisageons de desservir d'autres villes chinoises", a-t-il ajouté.
Micah Cheserem, directeur de l'Equator Flower Farm à Eldoret, au Kenya, qui gère environ 30 hectares de champs de roses et 20 hectares de champs d'avocats, a déclaré que la demande chinoise en fleurs, avocats et autres produits agricoles était en hausse, tandis que l'exploitation a augmenté ses expéditions grâce à l'amélioration de la chaîne du froid.
UN AVENIR PLUS PROMETTEUR
Au milieu de cette pandémie, les entreprises chinoises ont partagé leur expérience technique dans l'économie numérique avec des partenaires africains, ont organisé diverses expositions en ligne et ont invité les pays africains à vendre des produits par le biais du livestreaming.
La principale plateforme de commerce électronique d'Afrique, Jumia, a déclaré qu'elle s'attendait à davantage de coopération avec la Chine au vu des ventes robustes réalisées pendant l'épidémie.
"Je pense que les commerçants chinois ont joué un rôle important en nous aidant, nous et notre plateforme, à devenir pertinents pour les consommateurs africains, car ils ont un énorme assortiment, et presque tout ce dont un consommateur pourrait avoir besoin est produit et fabriqué en Chine dans une variété de gammes et de couleurs", a déclaré à Xinhua Apoorva Kumar, vice-président exécutif des services logistiques chez Jumia.
Philip Wu, président du transporteur Guangzhou Inter-Africa Express, a confié que sa société transportait plus de 16 millions de colis de commerce électronique transfrontalier chaque année. "Le commerce électronique transfrontalier est un nouveau point de croissance dans le commerce Chine-Afrique", a déclaré M. Wu.
Liu Jisen, doyen exécutif de l'Institut des études africaines à l'Université des études étrangères du Guangdong, a jugé que la différence de structure industrielle avait donné un élan endogène au développement du commerce sino-africain.
La Chine et l'Afrique peuvent répondre à leurs besoins mutuels en matière de commerce, surmonter les obstacles dans les canaux commerciaux, renforcer la connectivité et assurer le développement des chaînes industrielles et d'approvisionnement, a déclaré M. Liu.
Greenroad International Logistics, une société basée à Shanghai qui possède des succursales dans 25 pays africains, a déclaré qu'elle prévoyait d'ouvrir de nouvelles succursales en Afrique du Sud et au Zimbabwe cette année.
"Je pense que la Chine et l'Afrique sont dans une coopération très forte", a jugé Yves Ndizeye, un stagiaire rwandais dans l'entreprise. "Donc mon plan futur va être lié à ce que l'entreprise est prête à faire (...) C'est de la logistique verte que nous faisons. Nous entrevoyons un avenir plus radieux entre la Chine et l'Afrique".