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L'OMM met en garde contre l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes et catastrophes naturelles

Xinhua | 20.07.2021 08h39

Les phénomènes météorologiques extrêmes et les catastrophes naturelles continueront d'augmenter, a averti lundi le chef de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), affirmant que le changement climatique était à l'origine des pluies torrentielles et des inondations meurtrières qui ravagent à travers l'Europe occidentale cet été.

Dans une interview exclusive accordée à Xinhua, Petteri Taalas, secrétaire général de l'OMM basée à Genève, a insisté: "Nous avons toujours eu des événements météorologiques extrêmes, mais à cause du changement climatique, nous avons commencé à les voir plus souvent et ils sont plus intenses."

"Sans le changement climatique, nous n'aurions pas observé des températures aussi élevées dans l'ouest du Canada et des États-Unis, c'est donc une indication claire du changement climatique", a-t-il souligné.

Par ailleurs, des violents orages ont sévi dans plusieurs pays d'Europe occidentale au cours des derniers jours, tuant plus d'une centaine et causant des dégâts immenses.

ÉTÉ DES EXTRÊMES

Dans le rapport "Summer of extremes: floods, heat and fire", l'OMM a déclaré vendredi dernier que certaines régions d'Europe occidentale ont reçu jusqu'à 2 mois de précipitations en 2 jours (14 et 15 juillet) sur des sols déjà proches de la saturation.

"Le premier mètre de sol était complètement saturé ou bien au-dessus de la capacité du champ après les pluies intenses dans les régions les plus touchées de la Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg et de l'Allemagne", selon le rapport.

Lorsqu'on lui demandait s'il s'attendait à davantage de catastrophes naturelles au cours des prochaines années, M. Taalas a déclaré: "Le changement climatique va de toute façon se poursuivre au cours des prochaines décennies. Si nous réussissons à atténuer le changement climatique, nous pourrions arrêter cette tendance négative dans les années 2060."

"D'ici là, nous assisterons à une augmentation du nombre de catastrophes naturelles et d'un nombre croissant de ce type de phénomènes météorologiques extrêmes, ainsi qu'à davantage de pertes humaines et économiques qu'auparavant", a-t-il averti.

"Cela signifie que nous devons également nous adapter au changement climatique, le plus important est d'atténuer le changement climatique, d'arrêter d'utiliser des combustibles fossiles et de faire également attention à notre alimentation."

Des pays du monde entier se sont engagés à atteindre un pic mondial d'émissions de gaz à effet de serre dès que possible et à parvenir à un monde climatiquement neutre d'ici le milieu du siècle.

L'Accord de Paris, qui a été adopté par 196 parties à Paris en 2015, fixe comme objectif de maintenir l'augmentation moyenne de la température mondiale en dessous de 2 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, et de préférence en dessous de 1,5 degré Celsius.

M. Taalas a également souligné qu'aucune région du monde n'était à l'abri des impacts négatifs des événements météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles.

"On pourrait dire que c'est une chose mondiale. L'année dernière, nous avons eu une grave sécheresse dans les mêmes zones où nous avons maintenant ces problèmes en Amérique du Nord, et aussi en Amérique du Sud dans la région amazonienne avec également une sécheresse record."

Il a également mis en garde contre le nombre record d'ouragans dans les Caraïbes l'année dernière, de super typhons en Asie et de cyclones frappant les îles du Pacifique et le sud de l'Afrique.

NOUVELLE ACTION CLIMATIQUE DE L'UE

La semaine dernière, la Commission européenne a dévoilé une feuille de route complète pour atteindre l'objectif ambitieux de l'Union européenne (UE) de réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55% par rapport aux niveaux de 1990 d'ici 2030 et de devenir climatiquement neutre d'ici 2050.

"Ce que l'Union européenne a annoncé récemment est très positif. Nous avons entendu de nombreuses nouvelles positives de nombreux pays", a déclaré M. Taalas.

"L'administration américaine actuelle souhaite être plus ambitieuse en matière d'atténuation du changement climatique et le gouvernement chinois a également indiqué il y a un an qu'il aimerait devenir neutre en carbone d'ici 2060."

Pour atténuer l'impact du changement climatique, la Chine a annoncé l'année dernière qu'elle s'efforcerait de ramener les émissions de dioxyde de carbone à un pic avant 2030 et de devenir neutre en carbone avant 2060.

"La clé est que nous devons commencer à agir maintenant, nous ne pouvons pas attendre les prochaines décennies", a exhorté M. Taalas.

"Nous devons réduire la quantité de combustibles fossiles, en particulier nous devons nous débarrasser de la production d'énergie au charbon, nous devons convertir notre système de transport pour qu'il soit davantage basé sur les véhicules électriques et les biocarburants. Dans le logement, nous devrions refroidir nos maisons en utilisant des pompes à chaleur géothermiques, et dans notre alimentation, nous devrions réduire la quantité de viande en particulier rouge."

M. Taalas a souligné qu'il ne fallait plus perdre de temps pour lutter contre le réchauffement climatique.

"La bonne nouvelle est que nous avons beaucoup de moyens technologiques pour réussir l'atténuation. Nous devons juste commencer à agir. Ces plans sont excellents et de nombreux pays sont désormais derrière ces objectifs de neutralité carbone, mais des mesures concrètes doivent déjà être prises au cours de cette décennie", a-t-il souligné.

PLUS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE

L'OMM, une agence spécialisée des Nations Unies créée en 1950, compte 193 États membres et territoires.

"Nous fournissons les faits scientifiques aux décideurs sur ce qui se passe avec le climat aujourd'hui et ce qui est censé se passer à l'avenir", a déclaré M. Taalas.

Il a reconnu que les systèmes d'alerte précoce devaient être améliorés afin de mieux prévoir les événements météorologiques, en particulier dans les pays moins développés.

"Nous avons des lacunes importantes en matière d'observation en Afrique, dans les Caraïbes, dans les îles du Pacifique et dans certaines parties de l'Amérique latine. Cela signifie que nous devons y construire davantage de stations pour pouvoir fournir de bons services d'alerte précoce", a souligné M. Taalas.

"Nous devons être en mesure de bien mieux prévoir ces événements et c'est encore un écart dans les pays moins développés", a-t-il conclu.

(Rédacteurs :Ying Xie, Yishuang Liu)
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