Dernière mise à jour à 09h18 le 09/02
Plus de 8,3 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire en Somalie, où une grande partie de la population est au bord de la famine, a déclaré mercredi le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Celui-ci a indiqué qu'en l'absence de financements adéquats et de capacités renforcées, une famine est à prévoir entre avril et juin dans les trois groupes de population des districts ruraux de Baidoa et Burhakaba, ainsi que chez les personnes déplacées à Baidoa et dans la capitale Mogadiscio.
"Les Somaliens sont plus exposés à la faim, à la maladie et sont plus vulnérables qu'il y a un an, donc un plus grand nombre de personnes doivent compter sur l'aide humanitaire pour survivre", a fait savoir l'OCHA dans sa dernière mise à jour de la situation humanitaire en Somalie.
L'agence a expliqué que même s'il n'y avait pas de famine, la situation humanitaire était extrêmement alarmante puisque plus de 6,3 millions de Somaliens devraient faire face à de hauts niveaux d'insécurité alimentaire entre janvier et mars, dont 322.000 à des niveaux catastrophiques.
"Les niveaux cumulés de surmortalité pourraient être aussi élevés qu'en 2011, quand près de 260.000 personnes ont perdu la vie dont au moins la moitié étaient des enfants. Sur la seule année 2022, 1.049 enfants sont morts dans des centres de nutrition et bien plus n'ont même pas eu accès à ces centres", a déploré l'OCHA.
Cette crise est due à des précipitations historiquement insuffisantes sur quatre saisons des pluies consécutives, à des conflits persistants, à des déplacements de population et à des prix de l'alimentation élevés, qui mettent en danger des millions de personnes et poussent la population somalienne au bord de la famine.
Le bureau humanitaire a noté que la sécheresse actuelle était la plus longue et grave de l'histoire récente et avait dépassé les sécheresses de 2010/2011 et 2016/2017 sur ces deux tableaux.
Il a également rappelé que la récente escalade de l'offensive militaire contre le groupe terroriste shebab, qui s'ajoute aux tensions actuelles dans la sphère politique et entre les clans, avait eu un impact humanitaire majeur avec notamment une hausse des déplacements de population et des attaques de représailles.
"Dans l'ensemble, on prévoit que jusqu'à 450.000 civils supplémentaires seront déplacés en raison des conflits en 2023", a averti l'OCHA. Il a précisé que parmi les préoccupations en matière de protection, on pouvait citer les nombreuses séparations forcées des familles, les attaques sans discrimination contre des civils, les restrictions à la liberté de mouvement, le recrutement forcé, les enlèvements et la destruction d'infrastructures civiles.
L'agence onusienne estime que les opérations militaires en cours offrent d'une part une chance d'élargir l'accès aux zones précédemment sous contrôle shebab, et accroissent d'autre part le risque d'une généralisation de l'insécurité et d'une grave détérioration de l'accès humanitaire.
"Cette incertitude forcera les partenaires à faire preuve de flexibilité dans leur programmes pour s'adapter à l'évolution de l'insécurité, évaluer la situation et fournir de l'aide aux zones nouvellement reprises ainsi que s'engager dans un plaidoyer coordonné en faveur de la protection des civils", a conclu l'OCHA.