Dernière mise à jour à 09h26 le 25/09
De récentes fuites d'informations indiquent que les Etats-Unis ont contribué aux allégations du Canada affirmant que l'Inde serait responsable de l'assassinat d'un citoyen canadien, et ainsi joué un rôle crucial dans la querelle diplomatique qui couve entre New Delhi et Ottawa.
Les relations entre le Canada et l'Inde sont récemment devenues glaciales après que le Premier ministre canadien Justin Trudeau a accusé à plusieurs reprises des agents indiens d'être derrière l'assassinat du dirigeant sikh Hardeep Singh Nijjar sur le sol canadien, ce que la partie indienne a fermement démenti.
Les deux pays ont commencé à expulser des diplomates de l'autre et à publier des avertissements aux voyageurs appelant leurs citoyens à faire preuve de la "plus grande prudence" lors de leur voyage dans l'autre pays.
La chaîne d'information canadienne CTV a diffusé dimanche une interview de l'ambassadeur des Etats-Unis au Canada, David Cohen. Au cours de cette interview, M. Cohan a explicitement déclaré : "Des renseignements ont été partagés entre les partenaires des 'Five Eyes' ('cinq yeux'), qui ont contribué aux déclarations faites par le Premier ministre canadien."
Citant des "responsables alliés occidentaux", le New York Times est allé plus loin en précisant dans son édition de samedi : "Les agences américaines de renseignement ont offert à leurs homologues canadiennes des éléments de contexte qui ont aidé le Canada à conclure que l'Inde avait été impliquée."
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a affirmé vendredi qu'il espérait que l'Inde coopérerait avec le Canada sur cette enquête et assumerait ses responsabilités.
Précédemment, le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan a fermement averti que les Etats-Unis n'accorderaient à l'Inde aucune "exemption spéciale" dans cette affaire.
"Il n'y a aucune exemption spéciale que vous pouvez obtenir pour des actes tels que celui-là. Quel que soit le pays (...) nous procéderons aussi à des consultations étroites avec des alliés comme le Canada pendant qu'ils suivent leur processus judiciaire et diplomatique", a affirmé M. Sullivan.
L'Inde a commencé à exprimer son mécontentement vis-à-vis de la position des Etats-Unis dans cette querelle diplomatique. Dans un récent éditorial, le quotidien indien The Tribune a vivement critiqué les Etats-Unis en affirmant : "Les Etats-Unis, ces policiers invétérés du monde (...) ont dévoilé leurs préjugés et leur politique de 'deux poids, deux mesures' en ciblant l'Inde."
Des analystes estiment que cette querelle diplomatique pèsera sur les relations entre l'Inde et les Etats-Unis.
Le gouvernement américain "est dans une situation sans issue avec cette dernière bombe dans l'affaire indo-canadienne", a indiqué Derek J. Grossman, analyste politique de l'institution RAND Corporation, sur le réseau social X, anciennement connu sous le nom de Twitter.
"La bombe de l'accusation du Canada (...) contre l'Inde pourrait être la plus grande épreuve de force que le partenariat américano-indien ait connue depuis le début des années 2000", a-t-il fait remarquer.
