Le directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), José Graziano da Silva, a affirmé jeudi que les gouvernements étaient les premiers responsables de la sécurité alimentaire de leurs ressortissants et que les capacités de commandement et d'action nationales sont cruciales pour honorer cette responsabilité.
« Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) nous ont beaucoup fait progresser. Mais 870 millions de personnes souffrent toujours de la faim, aussi la guerre contre l'insécurité alimentaire est-elle loin d'être terminée », a estimé M. da Silva lors d'une réunion de haut niveau consacrée à la vision des Nations Unies en matière de lutte contre la faim dans le monde après 2015.
« La seule réponse efficace à l'insécurité alimentaire reste l'engagement politique au niveau national, renforcé aux échelons régional et mondial par la communauté internationale des donateurs et les organisations internationales», a-t-il précisé, ajoutant que l'attitude vis-à-vis de la faim a profondément évolué au niveau mondial.
« Le droit à l'alimentation dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale est désormais une base de discussion acceptée dans le monde entier », a-t-il ajouté. Selon le chef de la FAO, le monde produit une quantité de nourriture suffisante pour tous, et l'accent doit donc être mis sur l'accès à l'alimentation et une nutrition adaptée localement. « Nous avons besoin de systèmes alimentaires efficaces et équitables », a-t-il résumé.
Cela nécessite d'importants investissements publics et privés dans les zones rurales, où vivent plus de 70% de ceux qui ont faim et où l'agriculture nourrit et emploie des millions de personnes, notamment par l'intermédiaire de 500 millions de petites exploitations familiales.
M. da Silva a néanmoins averti que si la responsabilité principale de l'alimentation des habitants d'un pays incombe aux gouvernements, l'économie mondialisée d'aujourd'hui implique qu'aucun pays ne peut agir seul. « Les mesures prises par un pays ou une entreprise peuvent se répercuter sur la sécurité alimentaire des autres, tandis qu'un conflit peut provoquer l'instabilité des régions et des pays voisins. Les incidences sur les ressources environnementales et naturelles ne sont pas purement nationales et il est presque impossible de ne réguler les marchés et les activités qu'au niveau national », a expliqué M. da Silva.
Les politiques publiques devraient aussi créer des opportunités pour les plus démunis, notamment les agriculteurs de subsistance et les petits exploitants, les femmes, les jeunes et les populations autochtones, a-t-il estimé.