Un projet de loi exigeant l'enregistrement de nom réel du dépistage du VIH dans la région autonome Zhuang du Guangxi (sud de la Chine) a attiré les critiques des experts et des malades du sida, malgré les promesses de protéger la vie privée des patients et des fonctionnaires.
Zhang Jinxiong, un malade atteint du sida et fondateur de Rainbow Chine, une organisation non gouvernementale qui s’est engagée dans la prévention du sida et la promotion des droits des homosexuels, estime que cette politique ne servira pas à freiner la propagation du virus.
«Dans une société où sévit la discrimination contre les porteurs du VIH, le nom réel du test aura pour conséquence d’effrayer les patients potentiels, en raison des violations de la confidentialité», a-t-il fait remarquer.
Le gouvernement régional du Guangxi a adopté un règlement jeudi dernier stipulant que toute personne qui souhaite faire un test VIH doit fournir des informations personnelles aux organismes qui font les tests.
Applicable à partir du 1er juillet, cette mesure exige que ceux qui sont séropositifs avertissent leurs conjoints ou partenaires. Elle interdit également toute tentative de rendre cette information publique sans le consentement des patients ou de leurs tuteurs.
Fan Xiaohui, un responsable du comité permanent de l'Assemblée populaire de Guangxi, a déclaré que ces données pourront aider les médecins à contacter ceux dont les tests sont positifs, les informer de leurs infections et fournir des conseils professionnels en temps opportun.
Pour les experts et responsables médicaux, de nombreux patients testés, en raison de l'ignorance de la maladie, ont tendance à «disparaître» après avoir appris leur séropositivité. Un manque d'information empêche les médecins de tendre la main pour les convaincre de recevoir un traitement médical et pouvoir adopter des mesures de protection.
«Cela permettra également d’avoir un dossier plus précis quant à la situation du sida dans le Guangxi, et contribuera à l'élaboration des politiques futures en matière de contrôle et de prévention du sida», a ajouté Fan.
Mais Zhang Jinxiong reste sceptique par rapport à ce projet de loi, pour lui l'enregistrement de nom réel fera plus de mal que de bien.
«En vertu de la nouvelle politique, de nombreuses personnes seront certainement réticentes à l’idée de se rendre dans les laboratoires et pourraient avoir recours à l'auto-diagnostic, test qui n'est pas exact. Cela va créer de l’anxiété chez les patients reconnus séropositifs à l'aide d’auto-tests, car ils n'auront personne autour d’eux pour avoir des conseils professionnels», a-t-il expliqué.
Ses points de vue ont été repris par Jing Jun, un professeur de sociologie à l'Université de Tsinghua.
Certaines provinces et régions chinoises ont déjà adopté dans le passé, l’inscription du nom réel du dépistage du VIH dans le passé, mais de telles dispositions se sont avérées inefficaces,a indiqué l’enseignant.
«Il y a aussi parler des possibles fuites d'informations, ce qui peut causer de forts préjudices à la famille du patient ou aux relations interpersonnelles», a ajouté Jing.
La Chine offre actuellement des tests VIH sans avoir à donner d’informations personnelles. Mais certaines provinces du VIH en proie et régions autonomes comme le Yunnan et le Guangxi ont adopté des politiques de dépistage du nom réel, hors des considérations du contrôle et de la prévention de la maladie.
Zhang Beichuan, une sexologue de premier plan, pense que cette mesure est un plus pour facilier la tâche des fonctionnaires du gouvernement dans le traitement des questions liées au sida, et proposer de meilleurs services pour les personnes infectées par le VIH.
«Le gouvernement doit cependant tenir compte des opinions de ceux qui sont sensibles à la maladie avant de faire passer la réglementation», a-t-il prévenu.
Mais Zhang malgré tout, soutient le projet de l'enregistrement de nom réel pour ceux qui sont séropositifs et préconise une deuxième visite à la clinique, car il pense que cela aidera les médecins à aider les personnes porteuses du virus VIH.
Zhang est persuadé que la clé de la prévention et de lutte contre le sida réside dans l'amélioration de l'éducation auprès du grand public.
Et de conclure :«L'éducation concernant le contrôle et la prévention du sida, est la seule façon d'éliminer les peurs et préjugés profondément enracinés, parmi la population».