Un plus grand nombre de riches chinois sont prêts à déplacer leur argent hors de la Chine pour investir notamment dans l'immobilier en Australie, dans le contexte où une vague de répression de la corruption dans la deuxième puissance économique mondiale prend de l'ampleur, selon plusieurs avocats et consultants de propriété.
D'après ces sources, plusieurs clients leur ont confié posséder des fonds légitimes pour investir, mais craignaient être pris dans une enquête pouvant inclure des dizaines de collaborateurs.
«Nous observons actuellement que de plus en plus de Chinois sont tentés d'envoyer plus d'argent à l'étranger, de sorte de ne pas se retrouver coincer dans la répression» a déclaré à Reuters David Green-Morgan, directeur de recherche sur les marchés de capitaux internationaux chez Jones Lang LaSalle.
C'est l'un des signes les plus visibles de la peur de la guerre de dix-huit mois du président Xi Jinping engagée contre le greffon omniprésent qui, selon lui, menace la survie du Parti communiste chinois.
La campagne de Beijing a particulièrement ciblé les «fonctionnaires nus», terme utilisé pour définir les employés de l'État dont le conjoint ou les enfants vivent à l'étranger. Le Parti soupçonnant des fonctionnaires de se servir de ces connexions pour déplacer illégalement des actifs.
Les citoyens chinois sont autorisés à transférer légalement seulement 50 000 $ à l'étranger chaque année, mais de vastes sommes s'échappent du pays à travers une variété de niches, comme le fait de faire passer de l'argent par Hong Kong.
«En Chine, les mesures de restriction sont de plus en plus lourdes», a souligné Green- Morgan. «Cela a déclenché une augmentation des transferts d'argent hors du territoire chinois ou de grosses sommes financières ont déjà quitté le pays en attendant d'être dépensées».
Un paradis pour les fonds
L'immobilier en Australie a longtemps été un le secteur préféré des riches chinois – des fonds à la fois légitimes et illégitimes - mais les flux d'investissements semblent avoir accéléré.
Selon le conseil d'administration des investissements étrangers en Australie, la Chine en 2013 a été la principale source d'investissement de capitaux étrangers dans l'immobilier australien. Les Chinois ont obtenu les approbations d'investir près de 5,58 milliards de dollars dans le secteur, en hausse de 41% par rapport à l'année précédente.
«Inquiets, ils sont à la recherche d'un endroit sûr, » a noté un avocat de l'immigration basé à Sydney, qui donne des conseil sur la mise en place d'un nouveau fonds exclusivement pour les investisseurs chinois qui se rendent régulièrement à Beijing et à Shanghai.
« Ils n'attendent pas forcément un retour. Ils veulent au départ un endroit sûr pour y placer leurs fonds, » a-t-il ajouté.
Au cours de la prochaine décennie, la Chine devrait connaître une croissance annuelle de 20% de l'investissement dans l'immobilier, par rapport à 11,5 milliards de dollars l'an dernier, a prévu l'agent immobilier Savills.
Cela devrait aider à faire grimper la demande chinoise des biens australiens de 15% au cours des 12 prochains mois, a indiqué Andrew Taylor, co-PDG de Juwai.com, le plus grand portail immobilier ciblant les acheteurs chinois à la recherche d'investissement outre-mer.
Un tel intérêt est susceptible de stimuler la construction d'appartements en Australie, qui est destinée à atteindre des niveaux records en 2017 et rester élevée jusqu'en 2020, selon l'avis de Brokerage CLSA.