Dernière mise à jour à 19h31 le 04/03
Les autorités sanitaires de Shanghai ont suggéré de changer l'étiquette de table chinoise traditionnelle lorsque les gens mangent en commun, ce qui a été bien accueilli par la majorité du public et de l'industrie de la restauration à travers le pays dans le cadre de sa lutte contre le nouveau coronavirus contagieux.
Les Chinois mangent souvent en commun et partagent leurs plats avec les autres personnes autour de la table. La proposition d'ajouter des baguettes et des cuillères distinctes pour servir lorsque les gens dînent ensemble, faite par quatre organisations de santé à Shanghai dimanche, soutient qu'un tel changement d'étiquette permet aux convives d'éviter d'utiliser leurs propres baguettes pour choisir des aliments dans les mêmes plats et réduit donc les risques de transmission de nombreuses maladies.
« Les Chinois aiment dîner ensemble pour profiter des retrouvailles en famille et entre amis, mais nous devons aussi noter que partager des plats peut propager facilement les maladies », a mentionné la proposition des autorités sanitaires locales, dont la Commission de la santé de Shanghai et le Centre de promotion de la santé de Shanghai.
Bien que le nouveau coronavirus se transmette également par contact et par gouttelettes, l'ajout d'une paire de baguettes et de cuillères de service peut réduire la propagation de virus et de bactéries nocives telles que l'helicobacter pylori, que l'on trouve couramment dans les voies digestives des Chinois, a souligné la proposition.
Selon Zheng Jin, porte-parole de la Commission de santé municipale de Shanghai, la proposition a été chaleureusement reçue, recueillant plus de 1,26 million de vues et des dizaines de milliers de partisans sur les réseaux sociaux Sina Weibo et WeChat.
De nombreuses villes ont emboîté le pas à la métropole de l'est de la Chine le 24 février. Le Bureau municipal de la société civilisée de Guangzhou, capitale de la province du Guangdong (sud de la Chine), et son Association provinciale des services de restauration ont ainsi publié une proposition similaire dans le Guangzhou Daily.
Pourtant, il y a malgré tout des gens qui rejettent l'idée d'utiliser des ustensiles publics séparés : ainsi, selon un sondage en ligne du site Internet du magazine Caijing mené auprès de 7 500 personnes sur l'utilisation des ustensiles de service, 56% ont déclaré qu'ils ajouteraient certainement une paire de baguettes ou des cuillères par souci de santé, 24% ont dit qu'ils en prendraient simplement note, et les 20% restants ont dit qu'ils le feraient pas car ils n'en ont pas l'habitude et ne pensent pas que ce soit nécessaire. Beaucoup ont également souligné qu'ils se sentiraient mal à l'aise à l'idée de demander des baguettes publiques alors que d'autres ne le font pas.
Selon Lin Yufeng, chercheur adjoint en communication culturelle à l'Université de Nanjing, capitale de la province du Jiangsu (est de la Chine), la raison de cette objection est due à la culture chinoise du collectivisme.
« Derrière les manières de table de la Chine se cache sa culture de partage, où ses propres couverts représentent l'individu lui-même, et manger dans le plat à l'aide de ses propres baguettes suggère une participation à une communauté », a-t-il dit, ajoutant que « Dans la plupart des cas, la mentalité de collectivisme dirige l'action des gens, donc changer l'habitude de ne pas utiliser d'ustensiles de service public doit commencer par tout le monde ».