C’est une nouvelle qui fait froid dans le dos, tout autant qu’elle porte gravement atteinte à la crédibilité de l’OMS : les chiffres de l’épidémie de fièvre Ebola que l’organisation a fournis sont largement sous-estimés. Mais le pire, c’est que c’est l’OMS elle-même qui le reconnaît. «Le personnel présent dans les zones d’épidémie relève des preuves montrant que le nombre de cas rapportés et le nombre de morts sous-estiment largement l’ampleur de l’épidémie», a-t-elle ainsi déclaré.
Du coup, certains s’interrogent, et se demandent comment une agence qui dépend de l’ONU et qui dispose de tous les moyens pour sinon agir, mais au moins observer, a pu en arriver là. Les difficultés que peuvent rencontrer les épidémiologistes sur le terrain africain sont considérables, notamment en phase épidémique et plus encore lorsque l’épidémie est due à un virus qui sème la mort et répand la terreur, comme le fait Ebola.
Mais si cette reconnaissance est tardive, elle a au moins, selon certains, l’avantage de montrer que les chiffres de l’OMS ne seront désormais plus considérés comme une vérité absolue mais bien plutôt comme relatifs, ce qui permettra aussi d’aider ceux qui sont vraiment sur le terrain à amplifier un message qui pour l’heure n’est guère entendu en Occident et, qui sait, à renforcer la mobilisation, comme le réclament notamment Médecins Sans Frontières (MSF) et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
Le Dr Joanne Liu, directrice de Médecins sans frontières (MSF), qui rentre d'une visite de dix jours en Afrique de l'Ouest, a d’ailleurs souligné la gravité du problème vendredi, lançant un cri d'alarme en parlant d'une épidémie qui se propage plus rapidement que prévu et d'une situation qui « se détériore plus vite que notre capacité à y faire face ».