L'ex-rébellion centrafricaine Séléka a démenti mardi les informations selon lesquelles son leader, l'ex-président par intérim Michel Djotodia, en exil au Bénin, crée un Etat indépendant du nom de Dar el Kouti dans le nord de la République centrafricaine (RCA), en opposition au pouvoir en place à Bangui, dont elle réaffirme le boycott du futur gouvernement d'union en attente.
"Je ne confirme pas cette information. Ce sont des manipulations provenant de personnalités mal intentionnées qui écrivent n'importe quoi sur internet au nom du président. Cela ne vient pas du président Djotodia", a déclaré à Dimbi (nord) le chef d'état-major de l'ex-rébellion, le général Joseph Zindeko, joint au téléphone par Xinhua.
Porté au pouvoir après la chute du régime de François Bozizé le 24 mars 2013, Michel Djotodia a dirigé la RCA à titre intérimaire avant d'être poussé à la démission, en janvier dernier, par les chefs d'Etat d'Afrique centrale et la France, exaspérés par la persistance des violences dans le pays.
Avant ce retrait, son organisation à dominante musulmane, devenue la cible d'attaques de la part de milices chrétiennes anti- Balakas (anti-machettes), en marge du désarmement lancé par la force française Sangaris et la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca), avait menacé de se retirer dans le Nord et de provoquer la partition du pays en deux Etats distincts.
Un décret déclarant la création de l'Etat de Dar el Kouti et attribué à l'ex-chef rebelle et éphémère dirigeant centrafricain ( mars 2013-janvier 2014) a fait sensation dimanche. Selon ce texte diffué sur internet, Djotodia, chef de l'Etat du présumé Etat musulman, est aussi investi comme chef du gouvernement provisoire et leader du Front populaire pour la renaissance de la RCA (FPRC).
Pour le général Zindeko, ces manoeuvres sont le témoignage d' une campagne de diabolisation de l'ex-alliance rebelle et son dirigeant, au moment où la RCA tente de mettre en oeuvre un fragile cessez-le-feu conclu le 23 juillet à Brazzaville (Congo) pour une sotie de crise symbolisée par la formation d'un nouveau gouvernement d'union nationale.
La publication de ce gouvernement, attendue depuis la nomination de Mahamat Kamoun, ex-directeur de cabinet de Djotodia mais non membre de la Séléka, comme nouveau Premier ministre le 3 août par la présidente de transition Catherine Samba-Panza, coince à cause notamment de la contestation de l'ex-rébellion de ce choix.
"Nous ne sommes pas d'accord avec cette nomination. Il a été dit que le Premier ministre devait être issu de la Séléka. La Séléka ne participera pas à ce gouvernement. Ceux qui vont y participer, ça n'engage que leur responsabilité", a réaffirmé le chef d'état-major de l'ex-coalition rebelle.
A Bangui, des sources à la présidence annoncent pourtant que beaucoup d'avancées ont été réalisées et que la publication du nouveau cabinet n'est plus qu'une question d'heures.
Par Raphael MVOGO