Auteur d'une série d'articles au sujet de la santé, le journaliste d'investigation du Standard Group du Kenya Paul Wafula s'est vu décerner lundi les "Mentions honorables" dans le Prix d'innovation des médias, par le Sommet mondial des médias (SMM).
Chaque jour, Paul Wafula est à l'affut des événements au Kenya qui lui inspireront des histoires. Il "fouine" un peu partout, parle aux gens et lit beaucoup, car trouver des idées n'est pas une tâche facile dans ce métier, a-t-il raconté à Xinhua.
Une fois qu'il a une idée, il passe à la seconde phase de son travail, c'est-à-dire la recherche.
"Normalement, je me rends à la bibliothèque pour étudier le sujet et les personnes concernées, pour saisir le contexte, puis je cherche des pistes, je passe des coups de fil, j'envoie des e- mails ou je vais sur les réseaux sociaux trouver des personnes ayant des informations pour les convaincre de les partager avec moi", explique M. Wafula.
"Ensuite, je pars à la recherche de sources de documents, de tuyaux, de fuites, de photos, d'enregistrements ou de preuves quelconques sur ces allégations. Mais je passe le plus clair de mon temps sur le terrain, à parler avec les gens qui savent des choses sur le sujet ou les personnes étudiées, les bénéficiaires ou les victimes d'une situation", rapporte le journaliste.
Après cinq années passées à exercer ce métier avec diligence, il ne l'échangerait pour aucun autre, déclare-t-il.
La passion du récit et l'amour du journalisme sont les moteurs qui l'ont propulsé jusqu'à l'excellence internationale, dit-il.
"J'ai été honoré d'apprendre que j'avais été sélectionné comme l'un des meilleurs d'Afrique, mais je n'ai jamais pensé que je pourrais gagner. Je savais que j'étais en compétition au niveau international avec certains des meilleurs au monde, et j'espérais faire de mon mieux, mais je ne m'attendais pas à gagner. C'est un tel honneur", a déclaré M. Wafula, qui a appris l'existence de ce concours par ses rédacteurs en chef qui l'ont encouragé à y participer.
"J'ai aussi été encouragé à participer par l'un de mes mentors dans le métier du journalisme, qui m'a suggéré de présenter l'un de mes dossiers d'investigation à ce concours".
"Le métier de journaliste d'investigation est plein de risques. La plupart du temps vous recherchez des informations que personne ne veut voir découvertes ou publiées. Il y a toujours une résistance de nombreuses parties intéressées dans une histoire", raconte-t-il.
Ce n'est pas le seul risque. "L'exposition de votre source ou de la protection des dénonciateurs est toujours un risque. Mais les risques les plus importants sont liés à la sécurité, on est surveillé par l'Etat ou ceux qui font l'objet de l'enquête", explique-t-il.
"Vous ne pouvez pas les surmonter complètement parce que certains ne sont pas sous votre contrôle. Mais vous voulez toujours faire preuve de diligence, rester avec la vérité, vérifier les faits, corroborer les informations de sources aussi nombreuses que possibles, vous assurer que vous avez des documents ou des preuves publiables avant rendre publique toute l'histoire pour me protéger de la diffamation et autres cas", déclare Wafula.
"Je tente également d'être prudent vis-à-vis des gens, avec qui je traite dans l'approvisionnement pour l'histoire, vérifier leur crédibilité et ainsi de suite. Par ailleurs, j'ai aussi certaines mesures de sécurité minimales (...). J'essaie aussi de protéger mes documents, e-mails, conversations en ligne, autant que je peux, à l'aide de canaux plus sûrs, mais surtout protéger les sources", ajoute-t-il.
"J'ai toujours voulu être journaliste. J'ai aimé raconter des histoires quand j'étais un enfant. Après avoir couvert le commerce et les nouvelles générales pendant quelques années, je a mordu par le bogue d'enquête il y a trois ans, et depuis, je suis de plus en plus plongé dans cet espace", dit Wafula.