Selon une équipe internationale de paléontologues, un zigzag vieux de 500.000 ans découvert sur un coquillage serait la plus ancienne gravure dessin du monde, qui aurait été réalisé par Homo erectus. Il y a près de 500 000 ans, ce qui est aujourd'hui l'île indonésienne de Java était peuplée par un de nos lointains ancêtres, Homo erectus. Il ne nous a pas laissé beaucoup de choses, sauf quelques vestiges dont une courbe en zigzag inscrite sur un coquillage d'eau douce, qui serait la plus ancienne gravure et représentation géométrique découverte à ce jour.
Cette affirmation a valu au fossile une publication internationale dans l'illustre revue Nature. Francisco d'Errico, co-auteur de l'étude et chercheur au laboratoire Pacea de Bordeaux, estime que le motif en question est le fruit d'« un comportement délibéré », ajoutant même que « L'homme a eu la volonté de faire un zigzag d'un seul coup ». Ce dessin malhabile a sans doute été réalisé à l'aide d'un instrument pointu sur la coquille du coquillage recouverte d'une pellicule de matière organique, qui a disparu depuis longtemps. En revanche, l'inscription a, quant à elle, traversé les millénaires et est visible sous un certain angle.
Les analyses menées sur les sédiments encore présents sur ce coquillage ont conclu à un âge d'environ 500 000 ans soit 200.000 de plus que les plus anciennes gravures actuellement connues. Cette inscription a été découverte par les chercheurs qui ont soumis une collection de fossiles à des examens faisant intervenir des techniques modernes. Ces vestiges sont tous des coquillages retrouvés à Trinil dans les années 1890 par le paléontologue néerlandais Eugène Dubois, à qui l'on doit également la découverte d'Homo erectus.
Durant des années, les fossiles sont ensuite tombés dans l'oubli, conservés au musée d'histoire naturelle de Leiden aux Pays-Bas jusqu'à ce que Josephine Joordens, paléontologue à l'Université de la ville ne s'y intéresse à son tour. C'est alors qu'elle essayait de reconstruire l'environnement des Homos erectus d'Indonésie qu'elle est tombée par hasard sur le fameux coquillage orné du zigzag. Et pour elle, il ne fit aucun doute qu'il s'agissait de gravures artificielles. « Il n'y avait pas d'autre explication » a-t-elle déclaré. Mais, l'équipe qui a participé à l'étude de la gravure a tout de même pris soin de ne pas échafauder d'hypothèses sur une éventuelle signification et sur l'auteur du tracé. « Nous n'avons aucune idée de pourquoi quelqu'un a fait cela il y a un demi-million d'années, et nous nous abstenons explicitement d'émettre la moindre théorie », a conclu Wil Roebroeks, également de l'Université de Leiden. Même si, selon d'autres chercheurs, c'est la première fois que des preuves attestent qu'Homo erectus se comportait de la sorte.