Depuis un siècle, le Moyen-Orient a été une région profondément troublée. Ce constat n'a jamais été plus vrai que cette année, lorsqu'un groupe de terroristes extrêmement violents a formellement établi le califat de l'État islamique (EI) dans certaines parties de l'Irak et de la Syrie, montrant au monde sa brutalité et sa barbarie.
Si l'on examine le processus de création de l'EI, on constate que l'Occident est responsable de la nouvelle montée du terrorisme dans la région. Il est à noter que l'un des objectifs de l'EI est d'inverser les effets de l'accord Sykes-Picot conclu secrètement par les puissances européennes en 1916 pendant la Première Guerre mondiale. Cet accord leur avait permis de fixer librement les frontières des Etats dans leurs domaines respectifs d'influence et de contrôle au Moyen-Orient.
Ces frontières arbitraires, visant à maintenir les nations arabes divisées et dans une position de faiblesse, ont entraîné de nombreux conflits au cours des dernières décennies. Cependant, les puissances occidentales semblent s'être à peine préoccupées des douleurs et des souffrances qu'elles ont apportées aux peuples de la région. En effet, celles-ci ont poursuivi leurs politiques interventionnistes dans les affaires régionales dès qu'elles le pouvaient.
Au fil des ans, pour servir leurs propres intérêts économiques et sécuritaires au Moyen-Orient, les pays occidentaux ont soit choisi de promouvoir des changements de régime impulsés de l'extérieur dans les pays dont ils jugeaient les gouvernements pas suffisamment coopératifs, soit recouru tout simplement aux moyens militaires directement.
Dans l'ensemble du Moyen-Orient, les terres brûlent et la paix a été déchirée en lambeaux. La Libye plonge rapidement dans une guerre civile depuis que les puissances occidentales ont lancé des frappes aériennes contre le pays et ont renversé son dirigeant Mouammar Kadhafi. L'Irak est toujours engagé dans des luttes territoriales avec les militants de l'Etat islamique. Enfin, plus d'un million de Syriens ont fui leur patrie au milieu d'une guerre sanglante qui fait rage depuis des années et qui ne semble pas prête de s'achever.
En dépit des effusions de sang massives et des troubles durables qu'elles ont provoqués, les puissances occidentales essaient de faire croire au monde qu'elles ont tout fait pour promouvoir la liberté et la démocratie pour le bien de tous. C'est exactement la déclaration que le monde a entendu lorsque le gouvernement irakien de Saddam Hussein a été renversé en 2003 par les Etats-Unis, lorsque des avions de combat français et britanniques ont bombardé la Libye en 2011 et en particulier à l'heure où le bloc occidental essaie de faire destituer le président syrien Bachar al-Assad en soutenant les rebelles en Syrie.
Pourtant, les politiques interventionnistes qui ont eu des effets contraires aux buts recherchés ont prouvé que les puissances occidentales agissaient simplement pour leurs propres intérêts, et non pour les valeurs qu'elles défendent.
Pire encore, leur pure poursuite d'intérêts personnels et leur refus total d'agir en puissances mondiales responsables ont largement contribué à la naissance de l'EI aujourd'hui.
En Irak, Washington n'a pas réussi à promouvoir la formation d'un gouvernement irakien suffisamment mixte pour parvenir à une réconciliation nationale entre les différentes confessions. A cause de cette mauvaise gestion, les problèmes les plus profonds de la nation sont restés irrésolus et des vagues d'attentats terroristes et de violences confessionnelles ont tué des dizaines de milliers d'innocents.
Lorsque le président américain Barack Obama a retiré toutes les troupes américaines d'Irak pour honorer sa promesse de campagne, il a laissé derrière lui une situation chaotique. Or, c'est précisément la situation difficile de l'Irak qui a joué un rôle dans la création de l'Etat islamique.
On estime aussi que les militants du groupe ont acquis une grande partie de leur expérience de combat lors d'une autre guerre dans laquelle l'Occident est impliquée, à savoir celle visant à renverser Bachar al-Assad en Syrie.
Ainsi, il est grand temps pour la communauté internationale d'exprimer haut et fort son opposition à l'interventionnisme militaire de l'Occident.
D'autre part, ces puissances interventionnistes devraient trouver des mesures globales et efficaces pour aider à mettre fin au chaos qu'elles ont semé et à guérir les blessures des nations traumatisées par leurs interventions pour le bien de toutes les parties concernées.