Selon une nouvelle étude, les restes d'un crâne de poisson de 415 millions d'années, originaire de Sibérie –bien que particulièrement minuscule- offrent des indices sur les origines de tous les vertébrés à mâchoires, allant des reptiles aux humains.
Les chercheurs ont découvert l'origine de ce crâne d'environ 2 cm de long dans les années 1970, et avaient classés ce spécimen comme un poisson osseux. Il existe deux principaux types de vertébrés vivants à mâchoires : ceux en os et ceux faits de cartilage. Mais aujourd'hui, un nouvel examen plus approfondi de la boite crânienne de ce très vieux poisson montre que le fossile a des caractéristiques à la fois de poissons osseux, comme le saumon et la truite, et de poissons fait de cartilages, comme les requins et les raies manta.
Le fossile de Sibérie suggère également que les requins -qui sont faits de cartilage et dont on pensait depuis longtemps qu'ils étaient plus primitifs que les vertébrés à mâchoires osseuses- sont plus évolués qu'on ne le pensait précédemment. « C'est un fossile très intéressant, et il est très petit », a déclaré Sam Giles, chercheur principal de l'étude et doctorant en paléobiologie à l'Université d'Oxford au Royaume-Uni. « Il est surprenant que quelque chose d'aussi petit puisse contenir tellement d'informations ».
Les chercheurs ont nommé cette nouvelle espèce Janusiscus schultzei, pour « Janus », le dieu romain des portes et de transitions, qui est souvent représenté avec deux visages, et le latin « piscis » pour les poissons. L'espèce est également nommée d'après Hans-Peter Schultze, de l'Université du Kansas, qui a décrit le fossile en 1977. Giles et ses collègues ont utilisé un scanner en tomodensitométrie spécialisé (TDM) pour regarder le crâne, qui était encore intégré dans la roche. Ils ont fait des images du fossile des centaines de fois sous des angles différents, leur permettant de créer un modèle 3D.
Ironiquement, bien que cette espèce puisse être l'un des premiers ancêtres communs des vertébrés à mâchoires, sa mâchoire est manquante. « Vraisemblablement, la mâchoire se trouve encore au milieu de la rivière quelque part en Sibérie », a déclaré Giles. « Ce qui est frustrant pour la plupart d'entre nous paléontologues est que nous n'avons seulement que la boite crânienne et une partie du sommet de crâne », a déclaré John Long, professeur de paléontologie à l'Université Flinders d'Adélaïde, en Australie, qui n'a pas participé à l'étude. « Ce serait bien de connaître les mâchoires, les dents et les joues, mais cela dépend de nouvelles découvertes pour bien comprendre l'anatomie de Janusiscus ».