Les Rwandais ont exprimé des doutes sur la décision de la France de déclassifier des documents relatifs au génocide de 1994 au Rwanda, qui a fait plus d'un million de morts.
Le président français François Hollande a annoncé mardi un projet de rendre les documents relatifs au génocide accessibles à tous, indiquant que ces documents ne seront plus tenus secrets, a déclaré mardi aux médias une source proche de la présidence.
Les documents de 1990 à 1994 comprennent des comptes-rendus de réunions sosu secret défense, ainsi que des dossiers de conseillers du président d'alors, François Mitterrand, relatifs au génocide dans ce petit pays d'Afrique centrale.
S'adressant aux journalistes mercredi, le ministre rwandais de la Justice, Johnston Busingye, a salué cette initiative, exprimant toutefois des doutes sur l'éventualité qu'elle soit totalement mise en oeuvre.
"Paris devrait s'assurer que cette déclassification soit bien ' totale', et que ces documents soient accessibles à toute personne souhaitant lire et découvrir la vérité sur ce génocide dans notre pays", a-t-il souligné.
M. Busingye a souligné que les relations politiques, diplomatiques et militaires franco-rwandaises lors de la prise de pouvoir du génocide était jusqu'à présent une question classifiée et tenue sous le plus grand secret.
"Si la France applique bien une déclassification totale, cela fera la lumière sur un grand nombre de questions sombres et sans réponse sur le génocide au Rwanda", a-t-il commenté.
D'après la présidence française, ces documents comprennent des écrits de sources diplomatiques et de conseillers militaires ainsi que des comptes-rendus de conseils ministériels et de réunions de défense, et tous seront accessibles aux chercheurs comme aux associations de victimes.
Le secrétaire exécutif de la Commission nationale pour la lutte contre le génocide, Dr. Jean Damascene Bizimana, a déclaré que cette initiative de la France était d'une importance cruciale pour promouvoir l'unité et la réconciliation entre les Rwandais.
"Nous attendons de voir si Paris déclassifiera bien ces documents, mais j'ai des doutes sérieux car cela montrerait clairement le rôle de la France durant le génocide, et la manière dont ce pays n'est pas parvenu à l'empêcher", a-t-il noté.
Ces documents seront accessibles aux chercheurs et historiens sous condition d'en faire la demande à Dominique Bertinotti, ex- ministre et conservateur des archives de M. Mitterrand.
Le Rwanda accuse la France d'avoir participé à la formation des milices qui ont participé à ce génocide, dans laquelle de nombreux membres des ethnies Tutsi, majoritaire, et Hutu, minoritaire, ont perdu la vie au cours de massacres de sang-froid perpétrés sur une période de trois mois.
Au cours des 21 dernières années, le Rwanda a donné à la France l'occasion de changer sa politique et d'améliorer ses relations avec l'Afrique.
Le Rwanda est actuellement entré dans une période de commémorations et de deuil à la mémoire des victimes du génocide de 1994. Les commémorations de cette année se concentrent principalement sur le dialogue avec les communautés nationale et internationale sur les questions de négationnisme et de révisionnisme.