"Il faut trouver le juste milieu entre l'innovation et la précaution" , a déclaré Jean-Yves Le Déaut, membre de l'Assemblée nationale française et président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, dans son discours prononcé mardi lors de la clôture d'une conférence sur la bioéthique au Conseil de l'Europe (CE).
M. Le Déaut, également Rapporteur général sur l'évaluation de l'impact de la science et de la technologie de la Commission de la culture, de la science, de l'éducation et des médias de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), a tenté de résumer les différentes tendances à la fois du côté du souci et de l'optimisme, partagées par les experts internationaux lors de la conférence de deux jours intitulée "Technologies émergentes et droits de l'homme", qui s'est tenue à Strasbourg les 4 et 5 mai.
"Il y a un impact croissant de la technologie, et donc la croissance d'un besoin de régulation", a-t-il dit.
Organisée par le Comité de Bioéthique du CE (DH-BIO), la conférence visait à explorer les façons dont les technologies émergentes (telles que la nanotechnologie, les technologies de l'information, les technologies agroalimentaires et les technologies cognitives) changent la société et ont un impact potentiel sur les droits de l'homme.
Les interventions incluaient des examens de questions éthiques autour des nouvelles technologies médicales invasives et non invasives, d'une collection massive de données qui s'étend des services de la santé aux procédés "portables" d'auto-surveillance et aux réseaux sociaux, de l'égalité de l'accès aux nouvelles technologies et des méthodes de gouvernance dans le champ de l'innovation et de la recherche.
De nombreux participants ont montré leur intérêt quant à la rapidité des avancées technologiques et en ce qui concerne la protection des droits individuels, particulièrement en termes de collection et de sécurité des données.
Hugh Whittall, directeur du Nuffield Council on Bioethics au Royaume-Uni, a synthétisé les événements de la conférence, estimant qu'ils montrent que "la protection de la vie privée, comme valeur fondamentale, est sous pression".
D' autres participants ont posé des questions de savoir qui a le contrôle sur les technologies émergentes et comment ce contrôle devrait être gouverné.
"A un certain niveau, il apparaît clairement que nous sommes extrêmement libérés, à un autre niveau il est difficile de savoir pour quoi nous sommes libérés" , a expliqué Sheila Jasanoff, Professeur Pforzheimer d'Etudes des Sciences et des Technologies à l' Ecole Harvard Kennedy de l'Université d'Harvard.
"Il ne peut pas seulement s'agir d'une conversation entre élites politiques" , a dit M. Whittall et d'ajouter : "Il doit y avoir une participation plus large" .
Malgré cela d'autres participants ont semblé montrer un optimisme prudent quant aux issues possibles des débats.
"Je pense que cette conférence a montré une bonne volonté de faire face au fait qu' il y a de nouveaux défis" , a affirmé Roger Strand, du Centre pour l'Etude des Sciences et des Humanités de l'Université de Bergen en Norvège.
"Ce qui se passe ici est crucial pour donner du sens à la citoyenneté technologique" , a dit Rinie van Est de l'Institut Rathenau à La Haye aux Pays-Bas.
DH-BIO va utiliser les résultats de la conférence pour développer un livre blanc avec des recommandations concernant les technologies émergentes et les défis qui y sont liés pour les droits de l'homme.
Le calendrier de la création du livre blanc n'a pas été annoncé au cours de la conférence, le comité devant attendre que les rapporteurs aient conclu leurs comptes-rendus sur les résultats de la session.
Parmi les considérations importantes pour le DH-BIO figureront plusieurs appels des participants de la conférence à étendre les domaines du comité au-delà de la biomédecine et des droits de l'homme dans le but d'y incorporer les technologies émergentes qui outrepassent le champ médical.