La dernière série des pourparlers, qui se tient à Skhirat, près de Rabat, a été marquée samedi soir par la signature de l'Accord de Skhirat proposé par l'ONU, visant à sortir la Libye d'une crise politique et militaire qui y sévit depuis plus de trois ans.
Le Maroc abrite depuis le 5 mars 2015 le dialogue inter-libyen qui réunit des représentants de la Chambre des représentants siégeant à Tobrouk, du Congrès national général (CNG) basé à Tripoli, les "indépendants" composés de personnalités civiles, d'intellectuels, des juristes et des hommes d'affaires en plus de représentants d'associations féminines.
L'Accord de Skhirat a été paraphé par l'ensemble des protagonistes présents aux négociations, y compris les chefs des partis politiques, prenant part au 6e round des pourparlers politiques inter-libyens qui se tiennent sous l'égide du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Libye et chef de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), Bernardino Leon et en présence de plusieurs ambassadeurs étrangers en tant qu'observateurs. Toutefois, l'accord a été signé en l'absence des représentants du CNG basé à Tripoli.
La délégation de Tripoli a été absente des négociations depuis la semaine dernière, considérant que les modifications qu'elle avait demandées n'étaient pas présentes dans la quatrième mouture du texte qui prévoit la formation d'un gouvernement d'union nationale et la tenue de nouvelles élections.
Le Parlement de Tripoli est proche de "Aube de la Libye", une coalition de milices qui contrôle la capitale libyenne depuis près d'un an, après avoir chassé les autorités légales vers l'Est. "Aube de la Libye" a estimé que le texte proposé par l'ONU trahissait "le sang des martyrs versé pour la libération de la Libye et la préservation de sa souveraineté".
La proposition de l'ONU prévoit un gouvernement d'union nationale pour une durée d'un an qui serait dirigé par un Premier ministre et deux adjoints. En ce qui concerne le pouvoir législatif, il serait attribué à la Chambre des représentants, le Parlement élu et reconnu par la communauté internationale. Mais M. Léon a laissé "la porte ouverte à ceux qui n'étaient pas présents" et expliqué que les points de contentieux qui subsistent pourraient être discutés après la fin du ramadan.
Parmi ces points de contentieux figure le souhait des membres du Parlement de Tripoli de voir figurer le "respect de la magistrature" dans les accords, une possible référence à la Cour suprême qui avait décidé en novembre dernier d'invalider le Parlement basé dans l'est du pays.
Pour M. Leon, "l'accord de Skhirat dessine d'abord les principes, les institutions et les mécanismes de prise de décision pour compléter la transition et ce jusqu'à l'adoption d'une nouvelle Constitution". Après le paraphe de cet accord, les parties libyennes au conflit devront se pencher sur deux points principaux, à savoir la formation d'un gouvernement d'unité nationale et les annexes de cet accord, a-t-il expliqué.
Un travail très important a été accompli mais le chemin à parcourir est également de grande importance pour rétablir la paix et la sécurité en Libye, notamment avec l'implication des groupes armés, des acteurs qui dominent sur le terrain et de l'armée libyenne dans ce processus, a déclaré le responsable onusien, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar. Le diplomate marocain a déclaré que "les différentes parties ont su franchir un pas décisif, à la faveur de la volonté qui prévalait tout au long de ce dialogue et ce, en dépit de l'absence des représentants du Congrès général national, que nous sommes persuadés qu'ils seront au rendez-vous et qu'ils vont rejoindre cet accord incessamment".
Pour rappel, les parties se sont auparavant mises d'accord sur la discussion concernant le futur Premier ministre, et les vice-Premiers ministres, sur les arrangements sécuritaires balisant la voie à un cessez-le-feu global, au retrait par étape de tous les groupes armés des villes et cités, aux mesures relatives aux armes et au contrôle des armes et aux mécanismes adéquats de supervision et de mise en œuvre, ainsi que sur le parachèvement du processus d'élaboration de la Constitution dans un délai clair.