Il est peu probable que l'explosion de samedi devant le consulat italien du Caire arrive à intimider les états étrangers soutenant l'Egypte dans sa guerre contre le terrorisme, ont déclaré des experts politiques et de sécurité égyptiens.
Quelques heures après l'explosion, le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi a reçu un appel téléphonique du Premier ministre italien Matteo Renzi, qui lui a réaffirmé la solidarité de son pays avec l'Egypte dans sa guerre contre le terrorisme et dans son désir de l'éradiquer.
Le groupe militant Ansar Bayt al-Maqdis (ABM), basé dans la région du Sinaï, qui a changé son nom en "Etat du Sinaï" et a juré fidélité au groupe terroriste de l'Etat islamique (EI), a revendiqué la responsabilité de l'explosion sur un compte Twitter qu'on lui attribue.
"Cette attaque terroriste ne sert qu'à faire de la propagande visant à déformer l'image de l'Egypte dans les médias occidentaux", a déclaré Sameh Abdullah, éditeur en chef du journal officiel Al-Ahram et chef du site internet officiel du journal, soulignant que si les terroristes souhaitent déstabiliser l'Egypte, c'est une "action un peu tirée par les cheveux" .
Quant aux réactions occidentales, cet expert a confié à Xinhua qu'elles sont toujours basées sur les objectifs et les intérêts propres à chaque pays. "Ceux qui soutiennent l'Egypte considéreront cela comme un incident normal, et ceux qui ont un intérêt dans l'instabilité de l'Egypte exagéreront l'ampleur de cet incident".
Cette attaque est la première activité terroriste visant un bâtiment diplomatique en Egypte depuis la chute de l'ancien président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013 après des manifestations de masse contre son gouvernement.
L'Egypte fait face à une vague de terrorisme de plus en plus présente depuis la chute de l'ancien président et la répression qui a suivie contre ses soutiens, en particulier contre le groupe des Frères musulmans. Ce groupe est maintenant illégal, et plus d'un millier de ses membres ont été tués et des milliers d'autres arrêtés lors de cette répression.
Depuis lors, les islamistes auto-proclamés du Sinaï ont lancé des attaques terroristes contre les membres de la police et de l'armée, faisant des centaines de victimes. L'ABM a revendiqué la responsabilité de la plupart des attaques contre le gouvernement.
"Les terroristes sont toujours conscients que peu importe leurs attaques récurrentes et le nombre de victimes, leur effet est malgré tout limité", a indiqué à Xinhua M. Abdullah, ajoutant que "le gouvernement égyptien n'a pas d'autre choix que d'affronter les terroristes, car ces derniers n'ont pas de revendications politiques et ne souhaitent que déstabiliser la société par tous les moyens".
Suite à la chute de Mohamed Morsi, l'Egypte s'est efforcée de normaliser ses relations avec les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux qui avaient auparavant désapprouvé le renvoi du premier président égyptien élu de manière démocratique.
"Cette explosion est une opération symbolique qui ne visait pas à faire des victimes mais à envoyer un message d'avertissement aux missions de l'Union européenne en Egypte", a déclaré Hazem Hosni, professeur en sciences politiques à l'Université du Caire.
par Mahmoud Fouly