Dernière mise à jour à 16h47 le 18/04
1/4Les photos envoyées par le SJ-10 montrent la forme des deux cellules embryonnaires de souris (en haut) quatre heures avant le lancement du satellite le 6 avril 2016, et les embryons au stade blastocyste (en bas) 80 heures après le lancement.
2/4Les photos envoyées par le SJ-10 montrent la forme des deux cellules embryonnaires de souris (en haut) quatre heures avant le lancement du satellite le 6 avril 2016, et les embryons au stade blastocyste (en bas) 80 heures après le lancement.
3/4Duan Enkuai (au milieu, au premier rang), présente le développement embryonnaire lors d’une conférence de presse, tenue dans la Région autonome de la Mongolie intérieure (nord-ouest de la Chine).
4/4Duan Enkuai (au milieu, au premier rang), présente le développement embryonnaire lors d’une conférence de presse, tenue dans la Région autonome de la Mongolie intérieure (nord-ouest de la Chine).
Les derniers résultats d’une expérience à bord du satellite récupérable SJ-10 ont révélé pour la première fois que des cellules embryonnaires de mammifères à un stade précoce pouvaient proliférer dans l'espace.
La Chine a lancé le 6 avril 2016 son premier satellite en microgravité le SJ-10. La capsule de retour restera en orbite pendant plusieurs jours avant le retour vers la Terre, avec un module orbital utilisé également pour diverses expériences.
Des images en haute définition envoyés à partir du SJ-10 montrent que les embryons de souris continuent à se développer pendant une période de 96 heures.
"Il reste un long chemin à parcourir avant que l’espèce humain puisse coloniser l'espace, mais, avant cela, nous devons comprendre s'il est possible pour nous de survivre et de nous reproduire dans l'espace comme nous le faisons sur Terre", a déclaré Duan Enkui , professeur à l'Institut de zoologie de l'Académie chinoise des sciences, et le chercheur principal chargé de cette expérience.
"Aujourd’hui, nous avons enfin prouvé que la phase la plus importante dans la reproduction- le développement embryonnaire précoce- est possible dans l'espace."
La cellule fécondée commence par se divisant en deux, en quatre, en huit et ainsi de suite, jusqu’au moment où l'œuf fécondé s’implante dans l’utérus.
La première tentative a été lieu à bord du STS-80 de la NASA en 1996. Cependant, aucun embryon des 49 souris à bord n’a pu être développé.
"Les expériences spatiales sont si onéreuses que personne n’a tenté de les poursuivre après l’échec de la NASA pendant plus de dix ans ", a souligné Duan.
En 2006, la Chine a lancé le satellite récupérable SJ-8, avec la présence dans son module orbital d’embryons à quatre cellules. Les scientifiques ont reçu des images d’embryons à haute définition. Cependant, aucun d’entre eux n’a grandi.
"Notre équipe a analysé les premiers résultats grâce à l’aide d’appareils modernes au cours des dix années suivantes, mais nous ne pouvions pas encore imaginer un tel succès", a noté Duan.
Le SJ-10 a transporté plus de 6 000 embryons de souris dans une chambre autonome fermée de la taille d'un four à micro-ondes. Le système ayant déjà été a affiné après des centaines d’essais au sol.
Pendant l’expérience, une caméra a pris des photographies des embryons toutes les quatre heures pour les transmettre vers la Terre.
Les images ont révélé qu’en quatre jours certains embryons se sont développés au stade blastocyste.
"C’est une étape clé dans l'exploration humaine de l'espace", a annoncé Aaron Hsueh, un professeur spécialisé en biologie de la reproduction à l'Université de Stanford, en ajoutant : "C’est un petit pas pour les embryons de souris, mais un bond de géant pour la reproduction humaine."
David Elad, professeur de génie biomédical à l'Université de Tel Aviv en Israël, a insisté sur le fait que cette réalisation représentait non seulement un saut technologique mais aussi l'excellence scientifique dans la reproduction assistée.
"Le succès du développement de deux cellules au stade de deux cellules à l’état de blastocyste dans des conditions de microgravité sans intervention manuelle représente l'intégration des facteurs biologiques de la compréhension profonde de haut niveau dans la reproduction précoce avec des compétences technologiques de pointe", a indiqué Elad.
Peter C.K. Leung, membre de la Société royale du Canada et de l'Académie canadienne des sciences de la santé à l'Université de la Colombie-Britannique, a fait également l’éloge de la percée.
"L'innovation recèle un impact primordial à repousser la frontière de la reproduction biologique et d’immenses avantages potentiels pour la santé humaine", a-t-il expliqué.