L'éducation culturelle négligée
Les enseignants estiment qu’il y a des facteurs autres que l'utilisation croissante de la technologie qui peuvent expliquer le phénomène de l'« amnésie des caractères ».
« Les étudiants chinois sont surchargés d’exercices d’anglais et de mathématiques en raison d’un système éducatif axé sur les examens », a déclaré Chen Longhai, professeur de littérature chinoise à l'Université normale de la Chine centrale.
En Chine, les étudiants passent en effet beaucoup de temps à faire des exercices répétitifs afin d'obtenir des notes élevées aux examens d'entrée. La plupart étudient les mathématiques et l’anglais pendant de longues heures à l'école, et ils suivent des cours les week-ends et les jours fériés. Mais peu utilisent la moindre minute à améliorer leurs compétences linguistiques dans leur langue maternelle.
« Nous avons des centaines d’Instituts Confucius à l'étranger qui font la promotion de la langue et de la culture chinoises, mais nos propres enfants pensent qu'il n'est pas nécessaire de les étudier et se désintéressent d’elles », a dit M. Chen.
« La langue chinoise est dans un état de crise », selon lui.
« La mondialisation et la technologie moderne ont eu un impact énorme sur la culture traditionnelle chinoise et le système d'éducation orienté vers les examens n’a fait qu'empirer les choses », a déclaré Tan Banghe, un expert en enseignement secondaire au Ministère de l'Éducation. « Il est temps que nous nous réveillions face à ce qui se passe et que nous fassions quelque chose ».
Selon des experts, il est impératif que les universités participent à la campagne, car les étudiants ne sont généralement pas obligés de rédiger leurs devoirs à la main tous les jours quand ils sortent du lycée. En outre, de nombreux étudiants se concentrent presque exclusivement sur l'anglais dans l'espoir d'étudier à l'étranger.
« Nous avons quitté le lycée il y a deux ans, mais mes amis et moi sommes souvent victimes de l’’l'amnésie des caractères'parce que les seuls caractères que nous devons maintenant écrire à la main sont nos noms », a déclaré Li Beibei, un étudiante de 20 ans à l'Université de Wuhan.
« Chaque fois que je ne me souviens pas comment écrire un caractère, je sors mon portable et j’utilise la méthode pinyin pour le savoir », a-t-elle dit. Hua Qian, professeur de politique à l’Université de Technologie du Hubei, a quant à lui déclaré : « nous avons besoin de cours de calligraphie à l'université. Aujourd'hui, on ne voit pratiquement jamais une belle écriture sur les copies d'examens des étudiants. Au lieu de cela, il y a des caractères écrits de façon incorrecte et hâtive, et des gribouillages à peine déchiffrables ».
« Chaque enseignant et l'école doivent faire lire des livres classiques à leurs élèves et leur faire faire de la calligraphie pratique », a dit M. Zhang, « parce que notre langue et notre culture sont des trésors nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ».