Alors que le porte-parole du gouvernement Samir Dilou a prévu une réplique "dans les heures à venir", les réactions de l'opposition tunisienne et des partenaires politiques et sociaux, rendues publiques samedi sur le discours du chef d'Etat tunisien Mohamed Moncef Marzouki, viennent en grande partie apprécier les propositions énoncées par le président.
Le Président Marzouki s' est adressé vendredi dans la soirée au peuple tunisien suite aux incidents survenus depuis mercredi dans la région de Siliana où des affrontements entre manifestants et policiers a fait plus de 200 blessés des deux côtés.
M. Marzouki a appelé à cette occasion à former un "mini-gouvernement de compétences nationales" et éviter les tiraillements politiques dans la gestion des affaires de l' Etat et le traitement des différents problèmes liés entre autres au développement régional, la lutte contre le chômage et la disparité régionale (.. .).
Selon M. Dilou, "le discours du président de la République a comporté des évaluations et des avis en relation directe avec le gouvernement".
Installé à Londres, le leader du Parti des Conservateurs progressistes Hachmi Hamdi voit que "l'actuel gouvernement tunisien commence à perdre sa popularité suite à l' usage excessif de la force dans la région de Siliana". D' après M. Hamdi, les incidents de Siliana "ont prouvé la force de l' opposition qui doit s' unir pour laisser son impact sur l' équation politique en Tunisie".
La réaction syndicale s' est résumé dans les avis du secrétaire général de l' Union générale tunisienne du Travail (UGTT) Houcine Abassi et son adjoint Belgacem Ayari. Le premier s' est revenu sur sa réunion avec le Premier ministre alors que le deuxième a valorisé l' appel du président Marzouki à un dialogue national pour dépasser la crise.
"On a touché à l' issue de la rencontre avec le Premier ministre une certaine compréhension du gouvernement qui se veut prêt à s' engager dans un dialogue sérieux sur la situation dans la région de Siliana", a déclaré M. Abassi appelant les manifestants à se calmer dans l' attente des solutions "urgentes" promises par les autorités.
Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l' UGTT a estimé que le discours du chef d' Etat était "positif" sauf que M. Marzouki n' a pas évoqué profondément l' état des lieux dans la région de Siliana. Par contre, a-t-il ajouté, "on valorise l' appel lancé par M. Marzouki à mettre en œuvre l' initiative de l' UGTT pour un dialogue national "qui rassemble tout le monde", selon son expression.
Représenté par Mohsen Marzouk, le Bureau exécutif du Mouvement Appel de Tunisie (parti de l' ex-Premier ministre tunisien) a insisté que ce parti de l' opposition ne soutient pas la dissolution de l' actuel gouvernement et se veut contre tout "vide politique" en Tunisie.
Par contre, a ajouté M. Marzouk, "on appelle le gouvernement à assumer ses responsabilités, répondre aux revendications de la révolution essentiellement celles d' ordre social et mettre l' intérêt national de la Tunisie au-dessus de tout intérêt politique".
Un autre membre du Bureau exécutif du Mouvement Appel de Tunisie Lazher Akermi a estimé que le discours du président tunisien pourrait déplaire à ces alliés dans la coalition tripartite au pouvoir mais il s' agit malheureusement d' une réalité incontournable. Selon M. Akermi, "la légitimité électorale ne s' avère pas à elle seule suffisante pour diriger le pays, il faut parler d' une légitimité de consensus".
L' appel lancé par le chef d' Etat tunisien à former un gouvernement réduit de compétences a été apprécié par le président d' honneur du Parti Républicain Ahmed Nejib Chebbi qui a nié en revanche toute éventuelle adhésion de son parti dans un tel "mini-gouvernement". M. Chebbi a également formulé son espoir de voir l' appel à un dialogue national se transformer en "une réalité concrète".